Public Enemies par Colqhoun
Gros ratage sur toute la ligne. Miami Vice n'était déjà pas fameux malgré quelques passages brillants, Public Enemies réussi à être nettement plus mauvais et pénible que les aventures de Crockett & Tubbs. Parce que les expérimentations à coup de caméra numérique, je veux bien. Pour les scènes d'extérieur, de jour, ça ressort pas trop mal, assez métallique, froid et du coup plutôt cohérent en vue du sujet. Mais dès qu'on se retrouve en intérieur, bonjour la vieille caméra DV à tonton, avec un rendu qui plairait probablement à Horst Tappert tant on tombe dans le résultat le plus moisi qui soit. Mann s'en donne à coeur joie et se laisse même parfois aller au syndrome Dogme 95 avec de nombreux plans de caméra qui se redresse, recule, se déplace sans cohérence aucune, à la manière d'un amateur ivre mort. Globalement le film est à l'image de ce que je m'en faisais après avoir vu sa bande-annonce il y a quelques mois: affreusement laid. Autant je voyais une franche volonté de casser certains codes visuels, certaines manières de faire avec des films comme The Insider, Ali ou Collateral (voir même avec Miami Vice par moments), autant là le film me donne l'impression d'être un gros gadget technique dans lequel son réalisateur se pavane devant ses scènes de nuits immondes et son casting de bouffons inexpressifs. Depp, Bale et Cotillard, à eux trois, dégagent tout juste le charisme d'un bout de parpaing, tandis que le récit de leurs aventures s'efforce vainement de nous faire comprendre à quel point Dillinger était renommé à travers tout le pays et que la traque menée par le futur FBI allait devenir décisif dans l'Histoire du crime aux USA. Mais, on aura vite fait de le comprendre, tout cela, Mann s'en contrefout et se contente de faire joujou avec ses bidules technologiques, tout en demandant vite fait à son pote Goldenthal de lui pondre une bouillie musicale qui fait la part belle aux temps-tracks et aux repompes misérables à tout va. Tout, dans ce film, part à vau-l'eau, sans tenue quelconque, où seul semble conter une pauvre tentative d'exploser les codes cinématographiques et d'offrir des images inattendues. Manque de pot le résultat final est au moins autant moche qu'un pauvre téléfilm du dimanche après-midi et ses 2h20 au compteur peinent à se terminer.