Il était une fois un cinéaste passionné et talentueux, débitant son amour pour le cinéma à la vitesse d'une mitraillette, ruant dans les brancards avec la subtilité d'une gatling, transformant ce qu'il touchait en or, réhabilitant d'un claquement de doigt, un acteur, un genre, une chanson oubliée. Il était une fois un metteur en scène passionnant qui n'était pas encore conscient de ses effets et qui me laissait avec des étoiles plein les yeux. Il était une fois un de mes films préféré.

Propulsé sur le devant de la scène grâce à "Reservoir dogs", forcément attendu au tournant par la profession qui n'a d'yeux que pour lui, Quentin Tarantino, avec l'aide précieuse de son pote Roger Avary (avec qui il se brouillera juste après les Oscars), va pousser dans ses derniers retranchements ce qu'il avait entrepris avec son précédent film: à savoir déconstruire un genre, jouer avec malice avec ses codes, en retirer tout glamour pour mieux y injecter une sacrée dose de fun, laisser le tout mijoter et observer le bordel ambiant.

A partir d'un récit déstructuré en quatre actes, fracassant les limites de la linéarité, Tarantino et Avary signent une oeuvre totalement folle et frappadingue comme il en existe alors très peu, sorte de croisement improbable entre Raymond Chandler, Scorsese et Godard, cocktail détonnant de funk, de violence stylisée et de rock FM, créant tout un micro-univers sous nos yeux, un monde où les gangsters papotent en citant "Kung-Fu", où les boutiques abritent des dégénérés sodomites, où l'on discute tranquillement des inconvénients à braquer une banque, un microcosme régit par la contre-culture et la coolitude absolue.

Palme d'or inespérée à une époque où le festival de Cannes avait encore des couilles, "Pulp Fiction" c'est deux heures et trente minutes de délire grandiose, de répliques inoubliables, de séquences cultes, c'est un concentré d'humour noir et décalé, c'est un casting quatre étoiles ressuscitant Travolta et révélant Samuel. L. Jackson, c'est une bande originale démente uniquement constituée de vieux standards sortis d'un grenier, c'est la plus grande réussite d'un cinéaste qui avait alors tout a prouver et c'est surtout un putain de bon film.
Gand-Alf
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le 26 sept. 2013

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