Pulsions
7.4
Pulsions

Film de Brian De Palma (1980)

On pourrait, et parfois même facilement, accuser Briand DePalma de trop souvent pasticher le cinéma de son grand idole, Sir Alfred Hitchcock. Mais ce serait là faire un amalgame un peu nauséeux, car l'américain ne plagie pas purement et simplement l'anglais: il prolonge son œuvre en quelque sorte. De toute façon, quel cinéaste (ou artiste en général) ne s'inspire pas de ce qui a déjà été fait, ne reçoit pas diverses influences qu'il perpétue ? En quelque sorte, on aime à donner un nouveau souffle aux choses nous ayant marquées, aux précepteurs ayant fait de nous leurs fidèles disciples. Dans Pulsions, De Palma convoque inexorablement Psychose et Sueurs Froides, auxquels il adresse de gros clins d’œil, mais pas que. On y retrouve aussi l'influence d'un de ses autres maîtres, à savoir Michelangelo Antonioni (dont il avait déjà largement salué le travail dans Blow Out).

Pulsions est incontestablement un des meilleurs films de son auteur avec les excellents Phantom of the Paradise, Carrie ou L'Impasse. Alors certes aujourd'hui, il a un peu vieilli sur certains points, notamment dans sa bande-son (bien trop) omniprésente et dans son traitement de l'image à la photographie (bien trop) lumineuse, choses lui conférant parfois un aspect de film X rétro. Mais ce thriller ultra-sulfureux peut aussi se voir comme un fantasme d'1h45, les pulsions sexuelles des divers protagonistes étant inhérentes à l'histoire. Une vive tension érotique, en plus d'un suspense étouffant, règne d'ailleurs durant toute la durée de la pellicule qu'elle imprègne langoureusement. Et puis il y a cette très inventive mise en scène, qui utilise énormément les longues focales et la profondeur de champ, voire aussi le split-screen, pour superposer les actions dans le même cadre, tout ça service d'un scénario aussi sombre que machiavélique, scénario que n'aurait pas renié Hitchcock lui-même, avec ses mystères, ses brutaux changements de récit, et son superbe coup de théâtre final. Ajouter à cela les parfaites prestations de Michael Caine en psychologue ambigu pris dans une infernale machination, d'Angie Dickinson en mère de famille blasée à la recherche de son pouvoir de séductrice, et de l'égérie de DePalma, Nancy Allen, et vous voilà avec une œuvre captivante, violente et sensuelle, complexe et haletante.

Retrouvez toutes mes critiques, avis et analyses, sur ma page Facebook et mon blog, Chronique Mécanique. Merci !

https://www.facebook.com/ChroniqueMecanique
JeanVacances
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes classiques mécaniques

Créée

le 12 oct. 2013

Critique lue 334 fois

1 j'aime

Critique lue 334 fois

1

D'autres avis sur Pulsions

Pulsions
Gand-Alf
9

Confessions (très) intimes.

S'inspirant à la fois de certains éléments de sa jeunesse (l'infidélité soupçonnée de son père) et des assassinats ayant frappés la communauté gay dans les années 70 (ce qui donnera plus tard le film...

le 16 nov. 2015

43 j'aime

Pulsions
-IgoR-
7

Super 8

Au commencement était une fin. L'inéluctable fin d'un couple ordinaire, déclin intimement pressenti dès la scène introductive. Alors que pesante musique et caméra louvoyante s'emploient à annihiler...

le 28 mai 2014

41 j'aime

17

Pulsions
Ugly
7

Fatal attraction

Un psychiatre, une jolie patiente qui souffre de fantasmes érotiques, une call-girl témoin d'un meurtre horrible, une tueuse blonde... voila en gros les ingrédients d'un thriller diabolique signé par...

Par

le 8 mars 2018

34 j'aime

Du même critique

World War Z
JeanVacances
3

La Chronique Mécanique de "World War Z" et de l'avant-première mondiale du film à Londres

Dès les premières minutes de "World War Z", le mot d'ordre est clair : pas de round d'observation comme le feraient deux boxeurs pour se jauger au début d'un combat. Là il faut envoyer du lourd, du...

le 6 juin 2013

13 j'aime

5

Puzzle
JeanVacances
3

La Chronique Mécanique de PUZZLE

Après "Collision", film choral sur le racisme déjà assez maladroit en manichéen, Paul Haggis s'attaque à nouveau au film choral, se concentrant cette fois sur le thème de la relation amoureuse...

le 5 nov. 2014

8 j'aime

9

Charlie Countryman
JeanVacances
4

La Chronique Mécanique de CHARLIE COUNTRYMAN

Premier long-métrage d'un réalisateur suédois venu de la pub et du clip, "Charlie Countryman" est une sorte de trip sous acide à mi-chemin entre "Snatch" et "True Romance", servi par un casting...

le 16 avr. 2014

8 j'aime