"-You are... a marksman ?" "-Yeah" "-A sniper ?" "-A marksman."

Sous Nixon, qu'est-ce qu'on fait des jeunes aux cheveux longs qui sont pour la "paix" en Asie (Pfff...) ou qui défient l'autorité? On les fait juger par de bons citoyens américains, qui n'ont pas ce genre d'idées ridicules.
Ils ont, après leurs condamnations (vous voulez quand même pas qu'on leur pardonne ?) le choix: soit de longues années en prisons, ou alors, à peine quatre jours à Punishment Park, centre d'entraînement pour policiers.
Là-bas, ils devront courir sur 85 kilomètres dans un désert brûlant du Texas, sans eau ni nourriture, pourchassés par des policiers sur-armés. Si les poursuivants les rattrapent, les proies pourront se rendre, et subiront alors leurs peines de prison normales. Par contre, s'ils font preuve de résistance, les chasseurs peuvent s'en donner à coeur joie. Et s'ils s'attaquent de quelque façon que ce soit les agents de l'ordre, ceux-ci sont en légitime défense...
Punishment Park est une uchronie, uchronie servant un propos très virulent ; le gouvernement américain est pourri, la société est totalement imbibé de violence, et il faut changer tout cela par une grande révolution.
Le film prend la forme d'un documentaire tourné pour des chaînes européennes. Ce documentaire suit deux groupes; un groupe purgeant sa peine à Punishment Park, et un autre en train d'être jugé. Ce concept permet un regard extrêmement froid sur les événements qui se passent devant nous. Cette froideur mécanique évoque celle, bien sûr, des policiers, le plus souvent cachés derrière leurs lunettes noirs, mais aussi celle des jurés (et donc du système) qui condamnent des dizaines des jeunes, totalement hermétiques à tout les arguments que ces derniers leur opposent. On peut aussi penser que ces jurés sont ivres du pouvoir qui leur est offert, et évoquent donc ici aussi le gouvernement américain.
Vers la fin seulement, le journaliste à Punishment Park s'émeut devant le drame de la situation. On peut voir deux explications à cela:
- Il y a plusieurs journalistes à Punishment Park (le groupe de condamnés se séparant peu à peu), dont le passif, qui décrit en live avec un voix monocorde la prise d'otage d'un ingénieur du son allemand, et le rebelle, qui injurie vers la fin les policiers.
Cette explication voudrait dire qu'il aura toujours un rebelle pour s'insurger contre les injustices, même si le groupe où il se trouve à l'air globalement assez insensible.
-Ma seconde hypothèse est qu'il n'y a qu'un seul journaliste à Punishment Park, naviguant entre les policiers et les différents petits groupes de condamnés. Alors, cela voudrait dire que qu'elle que soit son niveau d'apathie et/ou d'embrigadement, un peuple finira toujours par se rendre compte de la réalité et se révolter.
Je trouve seulement que la musique, seulement présente dans la scène finale pour appuyer l'effet dramatique, est assez peu pertinente, nuisant à l'approche documentaire, alors que la rage du journaliste, seule, aurait été suffisante, et bien plus sobre.
Malgré ce défaut, Punishment Park reste un très bon film, bien que certains pourront ne pas aimer le côté très engagé.

Vlari0
9
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le 19 mai 2015

Critique lue 315 fois

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