Celui-ci, parmi les grandes sorties de la fin de l'année, avec notamment le merveilleux Leto, on ne l'attendait pas du tout. Sauf peut-être ceux qui avaient vu Elle l'adore, le premier long-métrage de Jeanne Herry. Pupille est le récit de la vie d'un bébé de 0 à 2 mois et de tout son environnement : de son abandon par sa mère à son adoption, en passant par le travail incroyable des services sociaux. Un film en forme de tapisserie, qui sonne constamment juste et qui est extrêmement précis dans son aspect documentaire. Mais il n'est pas sec pour autant, enrichi par une fiction remarquablement écrite qui ménage des instants d'émotion, de rire et de suspense. La narration est délicate et tressée avec une pudeur de tous les instants malgré son caractère éminemment réaliste. Et au milieu, un nourrisson, enjeu et objet de désir, avec sa peau de bébé et l'impression qu'il comprend tout ce qui se joue autour de lui. C'est la force de Pupille, cette humanité et cette bienveillance d'un scénario qui s'appuient sur le réel en le transcendant dans une histoire chorale pleine de vie à l'image, avec d'autres facettes, du livre de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants (l'adaptation au cinéma était en peu en deçà). On aurait pu penser que la présence d'acteurs très connus aurait pu empêcher l'adhésion complète à un film où la vedette est celui qui vient tout juste de s'éveiller au monde. C'est l'inverse qui se produit, les comédiens ayant eu l'intelligence de se mettre au diapason dans l'humilité sans jamais surjouer l'excès de sentimentalisme. Sandrine Kiberlain est une fois encore remarquable mais c'est Gilles Lellouche et surtout Elodie Bouchez qui surprennent par la qualité de leur. jeu La dernière fois que cette dernière avait été aussi bouleversante, c'était dans La vie rêvée des anges (1998). Ce ne serait que justice qu'elle et ses petits camarades, de même que le film dans son ensemble, soient dûment et copieusement récompensés aux prochains César.

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le 5 déc. 2018

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