Il était une fois une femme qui ne pouvait avoir d'enfant, s'engageant dans un long combat pour pouvoir adopter. Un combat de huit ans semé d'embuches, tant personnelles qu'administratives. Mais jamais elle n'a baissé les bras devant les difficultés, en en sortant plus forte, meilleure.


Mais demeurant une planète stérile.


Il était une fois un petit gars, abandonné dès les premiers moments de sa vie. Attendrissant, craquant, aussi sage et silencieux qu'un ange. Ses grands yeux bleus avaient la propriété de transpercer le coeur et de le faire ouvrir à l'infinie tristesse et à l'injustice de sa solitude.


Un petit satellite sans planète autour de laquelle tourner.


Il était une fois un film français que le masqué n'attendait pas aussi humble, aussi intime et pudique, sur un sujet qu'il redoutait déjà comme moralisateur et donnant dans l'émotion facile et à bon marché. Quelle grave erreur.


Car Pupille est l'antithèse de ces peurs et de ces a priori. Car il dessine tout simplement la galaxie qui préside à une rencontre unique de deux petits astres, de deux âmes seules au monde. Une qui est prête à donner un amour inconditionnel et tout simplement beau. L'autre qui en a terriblement besoin, mais que le silence et la fracture semi inconsciente de l'abandon animent.


Les derniers instants de Pupille arrachent des larmes de tendresse et de soulagement, alors que ces deux êtres font connaissance, s'apprivoisent et s'apprennent au bout d'un chemin sinueux mais pavé de bonnes intentions.


Celle de toutes ces bonnes fées qui, chacune à leur faible niveau, au sein de la protection de l'enfance, font en sorte d'apaiser le traumatisme, de donner un nouveau départ et de pallier les premiers jours d'une vie passée sans l'amour d'une mère pour aider à grandir. De rétablir, en quelque sorte, la balance cosmique et les chances offertes à chacun.


L'empathie et la douceur irriguent ce Pupille, qui ne tombe jamais dans le pathos, qui ne juge pas les raisons de cet abandon et de ce placement, qui jette encore moins la pierre à ces mères seulement biologiques ou à cette administration parfois tatillonne ou un peu absurde.


Pupille ne parle jamais de son sujet avec facilité ou raccourcis trop voyants. Il rend tout simplement son spectateur sensible à son petit héros que l'on a envie de prendre immédiatement dans ses bras pour lui offrir ce dont il a jusqu'ici manqué. L'oeuvre est tout simplement belle et pleine d'espoir quant à la capacité à réparer quelques vies, tout comme celle du cinéma bleu blanc rouge à s'abstenir de transformer un sujet de société en démonstration maladroite et lourdingue, en combat aveugle ou en dénonciation hors sujet.


Pupille est une magnifique oeuvre gracieuse et fragile, comme le premier âge de cette vie qu'elle dessine de manière bouleversante. Dans une émotion délicate, constamment juste et forte.


Behind_the_Mask, ce qu'il y a de plus doux après une maman.

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le 4 janv. 2019

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