
Plus de vingt ans après sa sortie triomphale (71 millions de dollars de recettes et l'oscar de la meilleure bande originale), Purple Rain reste un délire à peu près unique dans l'histoire de la musique et du culte de la personnalité. Avec une désarmante candeur, Prince y apparaît en majesté sous les traits du « Kid », jeune précieux de Minneapolis (comme lui) en bisbille avec un père violent (comme lui), lâché dans la grande jungle rock. Prince a quasiment inventé un genre à sa démesure : l'autobiographie romancée et chantée, un trip egomaniaque dont il contrôlait et interprétait chaque mesure, des affres du jeune homme au triomphe de la rock star. Sur l'air de Let's go crazy, (« Soyons fous ! »), Purple Rain est une émanation foutraque et flamboyante de la fausse joie des années 80. Les interprètes se démènent tant qu'ils en deviennent touchants, Prince le premier, qui livre une étrange performance en se jouant tel qu'il se fantasme. Il y a mille manières de (re)découvrir Purple Rain : doc sur une époque qui vit naître le vidéoclip, doc sur la scène funk-rock de Minneapolis et les groupes ébouriffants de la galaxie Prince ; modèle de concerts filmés (l'inoubliable version de Purple Rain en happy end)... Et souvenir lointain d'un temps où Prince enchaînait les merveilles pop avec une telle aisance qu'on avait l'impression que ça ne s'arrêterait jamais.