Le réalisateur danois Nicolas Winding Refn nous embarque dans une simulation de semaine de merde. On va suivre tout au long du film un seul et même personnage, Frank, dans son long crescendo de galères sans possibilités de repentir. De toute façon, il n'a pas de si belles ambitions.


Pusher est un film de survie. Tant que tout se passe convenablement, le personnage arrive à se contenter de sa vie de débauche, mais du moment qu'il y a un grain de sable dans les rouages, tout s'effondre, tel un château de cartes qu'il essaiera de remonter en vain. D'après mon ressenti, ce film est un peu comme une corde se resserrant tout doucement autour du coup du protagoniste.


Il y a des choses qui marchent vraiment bien : on passe sans arrêt du menacé au menaçant, sans jamais complètement maîtriser la situation, et la violence est toujours filmée avec une nervosité qui frôle le réalisme. Par sa narration brut de décoffrage et linéaire, il y a quelque chose d'authentique dans ce film.


Toutefois, il y a quand même quelques points de détails avec lesquels je suis en désaccord. Pour commencer, je ne voue aucune affection pour le personnage principal. Et ce n'est pas du fait que ce soit un anti-héros : on peut très bien apprécier un anti-héros. C'est plutôt qu'il est antipathique et que j'ai du mal à le comprendre et à me sentir proche de ce personnage au sang-chaud.


J'ai aussi eu un peu de mal avec la fin du film, sur le coup. J'ai ressenti cette frustration, cette sensation comme quoi le film ne s'était pas vraiment fini. Je n'ai réalisé qu'après coup que Pusher avait déjà tout dit et tout fait comprendre, et qu'un final brutal et sanglant aurait peut-être été de trop. Mais quand même, cette fin est étrange.


C'est un film avec ses qualités et défauts, et dont j'ai personnellement un peu de mal par moments avec son esthétique saccadée, ses plans toujours à l'épaule et ses passages musicaux sans grand intérêt. Il fait toutefois preuve d'une intensité certaine, dans une ambiance très sombre et dérangeante. De quoi donner tout de même bien envie de voir la suite.

Monsieur_Cintre
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le 8 janv. 2020

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Monsieur_Cintre

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