Winding Refn a dans Pusher un parti pris très intéressant, celui de ne pas esthétiser le milieu de la mafia et de la contrebande. Les personnages ne sont pas travaillés et mis en scène avec splendeur comme chez Scorcese par exemple (par contre l'intrigue fait penser à celle de Mean Streets), ici on a presque une impression documentaire. En découle un film très épuré, hyper réaliste. Cette approche, assez novatrice pour un film du genre (mais qui, dans un registre parallèle, rappelle un peu Kassovitz avec la Haine ou Noé avec Irreversible) est très efficace et nous plonge au plus près de l'enfer de la drogue, là où c'est chacun pour sa peau et où chaque jour est une survie. Tout le monde peut s'identifier à Frank, dont le physique est particulièrement anodin, le look particulièrement banal, et la vie particulièrement simple. Le film est donc probablement un de ceux qui semble coller au mieux à une réalité crue et moche (on ne peut pas dire que la photographie soit magnifique, même si elle bien maitrisée). C'est drôle, le réalisateur semble ici avoir fait le choix inverse par rapport à Drive : on privilégie le scénario et son réalisme à la mise en scène. Intéressant donc, j'ai hâte de voir les deux autres. 3.5 étoiles parce que j'ai mis du temps à rentrer dans le film et parce que je ne suis pas non plus clouée à mon canapé.