Dans le fond cette trilogie "Pusher" est à Refn, ce que la triglogie "Godfather" est à Coppola, c'est-à-dire un moyen de se faire du pognon après une grosse perte commerciale. Apparemment, l'un comme l'autre seront salués pour les suites (quoique Godfather 3 avait été moins bien reçu il me semble). Je suis pas un fan de "The Godfather", mais le premier volet était sympa ; en revanche j'ai pas aimé les deux suites. Pour "Pusher", ça semble être encore moins bien parti puisque dès le premier film je ne suis pas convaincu et cette suite me déçoit encore plus. Je précise aussi que j'avais vu le premier épisode il y a 7 ans, j'avais aimé, je l'ai revu récemment car je voulais regarder la trilogie entière, chose que je n'avais jamais faite. Ce second opus, donc, c'est la première fois que je le vois.


Et bien c'est vraiment pire. Le scénario ne va nulle part. Cela m'a fait penser à du Scorsese (problème: je ne suis pas fan de Scorsese, surtout de ses premiers films). On suit Tonny, survivant du premier opus. Je dois dire que je ne l'ai pas trop reconnu, Refn ayant voulu rendre son personnage un peu plus dramatique. Toujours con, mais sans laisser beaucoup d'occasions de rire de sa bêtise. Et à nouveau on baigne un peu dans le misérabilisme parce que tout est glauque, rien n'est gai. Enfin non, ce n'est pas du misérabilisme, parce qu'il n'y a pas vraiment de conflit, ni même d'objectif principal en fait. On suit juste cette petite frappe qui ne fait pas grand chose de ses journées, et on s'emmerde beaucoup à voir ce qu'il fait ou ce qu'il ne fait pas. Les personnages secondaires sont à peine esquissés, tout reposant donc sur le héros principal.


Un des problèmes avec ce Tonny, c'est qu'il se fiche de tout, il semble n'avoir aucun conviction. Ce qui rend les rares conflits encore plus insignifiants puisqu'il a l'air de se foutre de tout, rien ne l'atteint. Pour palier à cela, l'auteur aurait dû l'employer comme un objet au milieu des objectifs d'autres personnages, comme c'est le cas dans "The Big Lebowski" par exemple, et on sent que Refn tente de le faire avec l'histoire concernant son pote qui doit de l'argent. Mais ça ne prend jamais, on ne ressent jamais le personnage coincé dans quoique ce soit et les intrigues secondaires ne sont pas assez investies narrativement parlant pour que le spectateur ait envie de s'y intéresser.


Il y a des choses intéressantes, notamment tout l'aspect autobiographique, c'est-à-dire la question de la paternité et de la filiation, mais ce n'est jamais approfondi, le sujet n'est traité que très superficiellement. Il reste quelques scènes correctes à ce sujet, mais ça ne part jamais très loin. Tout comme l'on trouvera quelques scènes bien trouvées, comme quand Tonny n'arrive pas à retrouver sa vigueur, mais ça n'est jamais vraiment employé pour quoi que ce soit. J'imagine qu'il faut interpréter ça de manière symbolique (après tout, c'est avec un couteau qu'il règle son affaire à la fin, et on sait bien ce que représente le couteau au cinéma). Quant à la toute fin, je l'ai trouvée un peu ridicule et surtout facile. C'est donc un récit décousu, sans but, sans tension, sans attente, sans rien qui se déroule sous nos yeux.


À nouveau, c'est la mise en scène qui sauve un peu les pots. Refn parvient à travailler davantage l'esthétique de son film, emploie le plus de néons possibles, stabilise sa caméra dès qu'il le peut. En plus, comme le film est moins bavard, ben il peut se permettre plus facilement ce genre de joli plan. Les acteurs sont corrects, mais l'univers manque tellement de nuance que j'ai trouvé tout le monde un peu fade. Faut dire que c'est complètement idiot d'avoir sacrifié la personnalité de Tonny. Il fait encore quelques blagues mais ça ne prend jamais. Le travail sonore est plus marquant ici que dans le premier film, Refn refusant presque totalement tout support musical.


Bref, cette suite est véritablement décevante à cause de l'histoire qui ne mène à rien ; la mise en scène permet de ne pas trop s'ennuyer, mais ça reste très limite. Et maintenant je me dis que je vais peut-être détester "Drive" le jour où je le reverrai...

Fatpooper
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le 15 mai 2016

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