Film autobiographique, mise en image de son roman éponyme, "Qu'Allah bénisse la France" est le premier film d'Abd Al Malik. L'ancien membre des NAP, slammeur reconnu met ici en scène son histoire, celle d'un petit amoureux de la philosophie et des lettres obnubilé par la diffusion de sa pensée.
Dans un quotidien de quartier difficile, le film fait comme bon nombre de ses pairs en tentant d'opposer sans cesse l'envie de s'en sortir avec la fatalité. Visuellement, rien à redire. Les plans sont beaux et le noir et blanc rajoute une touche qui, si elle sublime parfois les moments de quiétude, nous ramène inexorablement 21 ans en arrière avec le film "La Haine". Sans oser comparer le film culte de Kassovitz avec celui d'Abd Al Malik, on pourrait simplement dire qu'il se situe l'un et l'autre à l'opposé de la représentation de la banlieue. D'une positivité sans failles, "Qu'Allah bénisse la France" prend le parti de ne pas montrer explicitement la violence tout en insistant sur la persévérance pour s'en sortir. Une intention louable mais qui peut desservir le film qui, mis à part quelques sentiments de léger malaise sur certaines scènes, reste presque agréable à regarder. Peut être que le sujet, social presque indéfiniment d'actualités aurait mérité plus de nuances que de simples "clins d’œils" aux destins de ses amis.
Mais quoi qu'il en soit, on est ici devant une autobiographie intéressante, plus douce qu'amère mais assurément sincère qui se veut séduisante, presque un peu trop.
Porté par de jeunes acteurs attachants, une mise en scène réussie et une bande son impeccable, on ne niera pas le talent d'Abd Al Malik même si on pourrait contester ses choix.