All about the broken doll
Baby Jane est un expressionniste tardif.Mais c'est d'abord une histoire d'innocence perdue, effacée par un père profiteur du succès niais de sa petite fille.On le voit dans la scène d'intro, mini jane mécanique et froide, inexpressive, pantin manipulé, l'enfant est déjà perdu pendant la douce contine.Il y a aussi Blanche, la soeur dans l'ombre, jalouse, réduite au silence, presque muette, qui aura un véritable handicap à l'age adulte.
Remplaçable?A l'époque du succès, Jane se décline en poupée, on sent poindre la critique du système hollywoodien la scène suivante.
Le générique arrive tard sur une scène hitchcockienne, deux voitures s'entrechoquent ne nous révélant point les chauffeurs, Blanche aujourd'hui connue au détriment de l'ex enfant vedette, se retrouve paralysée.C'est le début du combat pourtant déjà entammé en enfance.
Qu'est til arrivé à Baby Jane se mue alors en une histoire d'enfermement, non plus sous le joug de parents avides, mais une prison morale, l'isolation du monde, les privations alimentaires que Jane fait subir à Blanche, les soeurs vivant désormais sous le même toît.Le lien est morbide, la gradation de Jane vers la folie est d'une subtile monstruosité.Une performance hors normes pour Bette Davis en masque expressionniste vivant.Art et vie liés, on sait que c'est grace à Joan Crawford que Davis fut proposée au réalisateur, les deux actrices se vouant une haine cordiale, ce qui peut transparaître facilement à l'écran! Nous avons petit à petit affaire à un film inquiétant au seuil de l'épouvante; sans vous dévoiler les multiples sévices mis en place chez l'une et chez l'autre (je précise parce que dites moi si vous trouvez Blanche angélique vous...) pour se détruire. Et bizarrement la contine qui vous reste en tête tout le film s'incarne de plus en plus sous l'intonnation et l'expressivité enfantine qu'elle aurait du avoir dans le passé.Inquiétante étrangeté extême d'une enfant se matérialisant dans le mauvais corps et lâme détruite..
Il ne faut pas croire que les incursions des personnages secondaires de "la vie réelle" soient des modèles de santé mentale pour autant, ici point de manichéisme.La voisine "fan" envahissante au quotidien de coquille vide, le pianiste raté au double jeu mesquin , nous ne sortons jamais du huis clos infernal.La mort serait elle la tension pricipale du film comme la grande chose inéluctable? On pensera aussi à Boulevard du crépuscule et au personnage déchu joué par Swanson bien plus drôle que la flippante Bette Davis.