Jadis enfant star capricieuse, Jane n’a pas pu maintenir sa célébrité en grandissant. C’est sa sœur Blanche qui est devenue une actrice très en vue. Jusqu’à un mystérieux accident, qui a laissé cette dernière en fauteuil roulant, et transformé Jane en aide à domicile permanente. Des années plus tard, la rediffusion à la TV des films de Blanche va faire vriller Jane…
On peut se demander ce qu’aurait donné un pareil sujet entre les mains de Hitchock, ou d’un réalisateur plus baroque. Néanmoins, la mise en scène a beau être classique, Robert Aldrich est loin d’être un manche ! Il fait monter crescendo la tension, partant d’une situation pas très saine, pour arriver à de la véritable horreur, à coup de torture psychologique délicieusement retorde.
A ce niveau, le film bénéficie d’une très bonne écriture, entre des péripéties bien trouvées, le piège qui se referme brutalement sur Blanche, ou la relation bourreau/victime entre les deux sœurs, bien plus complexe qu’elle n’y parait au premier abord. Et bien sûr, un incroyable duel d’actrices, enlaidies à souhait, tant sur le plan physique que psychologique.
Joan Crawford en ex-star alitée, faussement affable. Bette Davis en ex-enfant star cruelle, qui bascule dans la folie violente déconnectée de la réalité. Pour un affrontement dur entre deux femmes prisonnières d’un passé chargé. Une rixe d’autant plus jouissive à l’écran, quand on sait que la haine et la rivalité entre les deux actrices était légendaire dans la vraie vie. Ce qui donne un autre sens à certaines répliques ou actions...
La production capitalisera évidemment sur cette rivalité, s’en servant allègrement pour vendre le film. Ce qui fonctionna, « What Ever Happened to Baby Jane ? » fut un succès surprise, et relança ironiquement la carrière alors en berne des deux actrices.