Il est de certains films qui, comme les aéroports inutilisés en Espagne, nous obligent à nous demander par quels moyens détournés leur financement a pu être rendu possible. C'est précisément dans cette catégorie que ce splendide Quand les dinosaures dominaient le monde s'inscrit.
Il faut bien comprendre qu'en plus, faire des films avec des dinosaures en stop-motion, ça a un coût relativement élevé (bien plus en tout cas que s'il s'agissait de financer un huis-clos avec des acteurs inconnus par exemple). Surtout que pour faire du bénéfice, il n'y a pas 15 000 façons de faire : soit on produit une œuvre avec peu d'investissement en visant un public très particulier en espérant qu'il soit au rendez-vous, soit on prend des stars et on investit en masse dans les effets spéciaux avec un gros budget mais alors on est obligé de viser un public très large pour rentrer dans nos frais. Ici, quand on regarde les noms qui sont mentionnés au générique, les décors utilisés et les effets spéciaux employés, on pourrait davantage penser que les investisseurs ont misé sur la seconde option. Le problème, c'est que le public large initialement visé n'est jamais arrivé, et ce n'est pas étonnant !
Franchement, pour le coup, il suffisait de me demander, je leur aurais dit tout de suite que le seul public qui pouvait être possiblement intéressé par leur nanar préhistorique, ce sont des gens comme moi qui aiment à la fois voir des dinosaures en tout genre combattre des gars en slip tout en reluquant des blondes et des brunes en petites tenues. Bref, ce n'est clairement pas avec un public (certes pas si restreint qu'on pourrait le penser mais quand même) comme ça qu'ils risquaient de faire fortune à la Hammer...
Pourtant, je les remercie d'avoir pondu un truc pareil ! Le film souffre d'un gros nombre de défauts qui ne permettent pas objectivement d'indiquer que c'est une œuvre correcte mais cette immersion à vocation documentaire (comment ça les dinosaures n'ont jamais côtoyé les humains ?) bénéficie d'un charme indéniable. Je ne sais pas pour vous mais moi, assister à une guerre entre deux tribus préhistoriques tout ça à cause d'une blonde, je me dis que ça ne peut que conduire à des scènes d'anthologie.
Pendant tout le film, vont donc suivre entre deux faux raccords et scènes de transition mal rythmées : des combats contre des dinosaures tous aussi originaux les uns que les autres, des sacrifices humains, des scènes d'amour plus ou moins consenti, du dressage de dinosaure, et la vengeance d'une brune forcément pas ravie de voir son Don Juan découcher tous les soirs au profit d'une blonde platine pas désagréable du tout à regarder.
Bref, il faut bien l'admettre, si les actrices n'avaient pas été aussi jolies, que les dinosaures n'avaient pas été aussi bien réussis et que les dialogues avaient été bien construits, il est fort probable que le film n'aurait pas cette saveur nanaresque qui lui sied si bien. En tout cas, si vous êtes un mâle alpha qui aime débrancher son cerveau devant de jolies plastiques, et que la vue d'un dinosaure fait fondre votre cœur d'enfant : foncez !