Quand c'est violent ça dure pas

Habitués du vaste thème qu'est l'adolescence, Téchiné et Sciamma en proposent une nouvelle observation avec ce film sensible et réussi malgré ses maladresses.
Des maladresses qu'on retrouve principalement dans l'exposition du film, entre l'opposition simpliste de ses personnages masculins venant de milieux radicalement opposés et le rejet viril des sentiments par la violence pas loin du cliché. Mais une fois le cadre posé le film gagne autant en densité que le trouble gagne ses personnages, et on est surpris par la façon dont Techiné (73 ans quand même) peut encore chroniquer de manière si précise le tourbillon qu'est l’adolescence. Le désir et la frustration sont bien sûr au cœur du film, mais il a également le bon goût de ne pas jouer la partition d'une adolescence insouciante : Damien et Tom ont une vision excessivement sérieuse et grave de la vie, parce que tout est grave quand on a 17 ans. Et le personnage de Sandrine Kiberlain qui fait le lien entre les garçons est à l'image de ce qui fonctionne dans le film, sensible et bienveillante, présente et en retrait. La mère de Damien est un appui, un équilibre bienvenu pour son fils comme pour le film, et un personnage formidable.