On ne saurait réaliser un conte, ni en épouser la structure, sans tisser en arrière-plan un propos un tant soit peu moral ou philosophique que le spectateur conserverait après visionnage. On pourra rétorquer que morale il y a ici, que la marginalisation du garçon équivaut à voir triompher l’adage bien connu « la vérité sort toujours de la bouche des enfants ». Ce qui reviendrait à perpétuer le propos développé depuis bon nombre d’années maintenant par les téléfilms des chaînes publiques diffusés l’après-midi. Voilà ce qu’est, au fond, Quand on crie au loup : une toute petite chose bouffie d’orgueil, une production pétrie d’intentions que l’on suppose louables, mais qui n’aboutissent qu’au vulgaire le plus nauséabond et gratuit. D’un canevas recopié sur Maman j’ai raté l’avion jusqu’à la composition musicale qui se joue de la pseudo-féérie, rien ne fonctionne ici. Bouillie hétérogène et malodorante, le film n’a aucune maîtrise du temps et de l’espace, se contente de coller ses scènes les unes aux autres dans l’espoir d’aboutir à une truculente farce d’acteurs dont la performance, voulue excessive, s’avère en réalité outrancière.
La mise en scène tente de diversifier ses supports et investit le drone, les gros plans, la caméra amateur ; pas de chance, l’ensemble de ces procédés apparaissent tels des cache-misère bariolés de technologie. Car Marilou Berry n’a rien à raconter : ni regard sur la société contemporaine, ni regard sur l’enfance un tant soit peu neuf, ni vision burlesque audacieuse. Elle prend le soin de retarder l’apparition de son personnage, à la manière du Tartufe de Molière. Les conséquences sont en proportions inverses à ladite pièce de théâtre : tous les espoirs meurent aussitôt sa camionnette stationnée au milieu de la chaussée. Jamais drôle, jamais transgressif, encore moins poétique, Quand on crie au loup est aux antipodes de ce que Berry avait réussi à accomplir avec Joséphine S’arrondit. À oublier.