La plus belle palme parmi les palmes, un film puissant, bouleversant, neuf de forme pour l'époque, à ranger sur la plus belle étagère de nos souvenirs de cinéma …vu et revu plusieurs fois, avec toujours la même émotion.
- 1941- Moscou- Véronique et Boris s'aiment et l'URSS entre en guerre, les hommes sont sollicités...
L'intrigue est assez classique sur le fond : l'amour, l'attente, surtout l'attente sans fin, les bombes, la mort, celle qui touche de très près.... les horreurs de la guerre.


La mise en images de cette histoire est particulièrement réussie et le génie de mise en scène de certaines séquences donne à l'émotion un densité extrême... plusieurs scènes ont cet effet magique et je n'en évoquerai que trois, particulièrement extraordinaires :



  • Véronique, suite à un bombardement, sort de son abri pour retrouver dans un champ de ruines, la maison de ses parents, qui étaient restés sur place... il ne reste que l'escalier que la caméra emprunte à la poursuite vertigineuse de Veronica, bravant les flammes encore actives, les murs qui s'écroulent, la poussière qui pénètre tout, dans une montée tragique vers l'issue implacable : il ne reste que le vide, un trou... Un soldat l'interpelle, elle se retourne et l'expression de son visage, à ce moment, est saisissante de gravité, de beauté éperdument souffrante.


  • La mort de Boris : touché par une balle en plein cœur, la caméra saisit plusieurs tourbillons d'images, simultanés, qui s'entremêlent, celui de la montée de l'escalier de la maison de Véronica à l'époque du bonheur, celui de la descente du même escalier du couple imaginaire de mariés et celui du vertige des arbres, qui accompagne la chute de Boris dans la boue…une simultanéité et un vertige qui donnent une incroyable force aux sensations que doit éprouver le mourrant, juste avant de mourir... émotion intense jamais égalée dans une scène de passage dans l'au-delà !


  • La longue scène de fin, où se côtoient harmonieusement gaité et tristesse, quand Véronica recherche, dans la foule des soldats de retour, Boris qu'elle ne retrouvera pas... Le contraste entre l'éclat du bouquet de fleurs qu'elle tient contre elle, la fraîcheur de son visage, l'aspect lumineux de l'atmosphère, les rires ET le sombre verdict qui fera s'effondrer son espoir, rend encore plus intense la douleur qui viendra subitement transformer l'expression de son visage...



On pourrait s'attarder sur d'autres scènes magnifiquement rendues, ne serait ce que la très belle scène d'ouverture primesautière et toutes les scènes qui illustrent à la perfection, l'épreuve de l'attente... mais j'y passerais la nuit... ou j'y reviendrai!

Juliette-Cinoche
10

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le 20 août 2017

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