Quand vient la nuit par ArthurMout-Mout
Si le pitch est plutôt classique, le scénario qui en résulte l'est beaucoup moins. Sorte de mélange entre Dexter et un film noir, il prend le temps de s'attarder sur ses personnages en nous montrant leur quotidien et en explorant les psychologies de chacun. Et c'est ça qui est bien, le film prend le temps de se poser afin de développer son atmosphère et les protagonistes. Il ne prend pas de raccourcis pour l'histoire, mais est assez bien dosé pour que l'on ne ressente pas de longueurs. On reste concentré sur trois ou quatre personnages et ça nous suffit. D'autant que ceux-ci son très bons et très attachants. Le barman rouillé, le trentenaire qui cherche à combler le vide de sa vie. Des composants encore une fois classiques mais efficaces. Il réussit même à émouvoir, par moments.
S'il réussit à nous émouvoir, c'est justement grâce à ses acteurs. Tom Hardy (The Dark Knight Rises, Des hommes sans loi) ne perd pas de sa superbe et campe le mystérieux personnage de Bob, qu'on apprécie déchiffrer jusqu'à une poignante révélation finale. Il nous prouve encore qu'il est définitivement un acteur à surveiller en ce moment. James Gandolfini (Les Soprano), décédé il y a un an, nous livre ici une de ses meilleures prestations. Émouvant, on a presque l’impression que ses réplique sont prémonitoires. Barman rouillé, il aborde souvent le sujet de la vieillesse, du fait qu'il sait qu'il est à la fin de sa vie. Sachant que c'est la dernière production dans laquelle il joue, on est parfois ému d'entendre les monologues d'un homme mort il y a un an. Noomi Rapace (Prometheus) et Matthias Schoenaerts sont à leur place avec des seconds rôles efficaces, mais pas transcendants.
Film noir oblige, le film est visuellement sombre. Les couleurs sont ternes, même de jour, et installent une ambiance sombre dans un quartier que l'on sait dangereux mais qui reste plein de mystères. La musique, pesante, reste dans la moyenne du genre en aidant l'ambiance à s'installer. On l'aura déjà oubliée à la sortie de la salle. Les plans choisis sont encore un fois classiques mais efficace. Mention spéciale à la scène durant le Superbowl dans laquelle on suit les dépôts d'argent, du point de vue des liasses de billets. On donc plongé dans l'ambiance, entre mafieux et travailleurs paumés, avec des dialogues intimistes et un silence inquiétant.
Classique et efficace, Quand vient la nuit est un film noir posé avec de bons personnages et une réalisation efficace. Les acteurs sont juste, le film se lâche parfois avec une très belle mise en scène et un bon retournement de situation. Ce n'est pas le meilleur film de 2014, c'est certain, mais ça permet tout de même de patienter en attendant les grosses sorties de fin d'année.