Barbara et les quarante voleurs

Restez tranquillement bien assis, Samuel s'occupe de tout : scénario, réalisation et production (l'histoire ne dit pas si il s'occupait aussi de faire à manger pour toute l'équipe et de nettoyer les costumes en plus de fabriquer les décors....). Le tout en moins d'une dizaine de jours! Même pas deux semaines pour ce western de série B crépusculaire et sexuel!

Crépusculaire, car Forty Gun fait partie de ces westerns qui marquent une rupture de ton du genre et qui préfigurent des films plus sombres et cyniques comme Sam Peckinpah et sa Horde Sauvage pour n'en citer qu'un! Point ici de héros sans peurs et sans reproches, mais un homme, Griff Bonnel (interprété par le monolithique mais néanmoins charismatique Barry Sullivan), accompagné de ses frères Wes et Chico. Un homme blasé qui sent bien que le vent tourne, que l'Ouest n'aura plus de sauvage que le nom et qui, se considérant désormais comme une bête de foire, souhaite que son plus jeune frère prenne un autre chemin que le sien! Un personnage que l'on pourrait rapprocher du Jack Beauregard (Henry Fonda) de Mon nom est personne. Un homme expérimenté (pour ne pas dire vieux) qui se retrouve face à un adversaire.....en jupon! La non moins expérimentée Jessica Drummond (interprétée par Barbara Stanwyck qui arrive tout juste dans la cinquantaine), la femme au fouet (comme Samuel Fuller aurait voulu titrer son oeuvre) à la tête d'une horde de 40 hors-la-loi (dont son propre frère) qui se gardent bien de moufter et qui filent droit! Une femme, qui possède certes du pouvoir et de la richesse mais qui sent elle aussi sa société évoluer et qui se verrait bien passer à autre chose! Et c'est parti pour 80 mn d'aventure dont tout le monde ne sortira pas indemne.

Sexuel, car c'est d'amour qu'il s'agit avec le couple Jessica/ Griff qui passe son temps à jouer au chat et à la souris et cette fameuse question de savoir jusqu'à quel point peut on pardonner la personne que l'on aime?

L'amour et la passion qui font perdre la raison et qui exacerbent les sentiments! L'amour qui peut faire énormément de bien mais qui peut aussi détruire!

Voilà, en 80mn, Samuell Fuller nous propose un récit riche et dense avec un réalisme précis jusque dans les détails (dû au passé journalistique du bonhomme et que l'on retrouve dans ses nombreux films) qui nous prouve q'un film n'a pas besoin de durer 2h. Le tout avec une mise en scène d'excellente qualité magnifiée par le noir et blanc! Le ton est tout de suite donné avec une des plus belle scène d'ouverture qu'il m'ait été donné de voir! Bref nous sommes en présence d'un excellent film que je conseille fortement aux amoureux du western mais pas que...
Seul petit regret, le fait que Samuel Fuller n'a pas eu la main sur la fin, une fin qu'il renie.

Pour l'anecdote, il se dit que Marilyn Monroe se serait bien vue dans ce film mais, à 31 ans elle était bien trop jeune!