« Quartet » est apparu dans les salles françaises le trois avril dernier. Sa particularité était d’être réalisé par Dustin Hoffman. Le passage derrière la caméra de l’acteur a attisé ma curiosité. Mais cela n’était pas le seul attrait du film. En effet, le fait de voir un quatuor d’acteurs britanniques à l’affiche garantissait une qualité d’interprétation certaine. J’étais donc curieux de découvrir cet opus de cent minutes. Son affiche était classique et nous offrait la citation du « Mail on Sunday » suivante : « Exquis, émouvant, joyeusement british ». Tout un programme…
L’histoire nous immerge à Beecham House. Cette maison de retraite se caractérise par la passion qui unit ses pensionnaires : la musique. En effet, chacun avait fait de cet art son métier. On y croise donc chanteur, pianiste, violoniste ou flutiste. L’équilibre parfait de l’endroit est amené à être chamboulé par l’arrivée de la diva Jean Horton. Reginald, Wilfred et Cissy voient donc arriver le dernier membre de leur célèbre quatuor. Mais certaines cicatrices du passé n’ont pas encore disparu et il n’est pas certain que la projection d’une prestation au gala de fin d’année suffise à tout réparer…
Les adeptes de « Star Trek Into Darkness » ou de « Man of Steel » ne risquent pas de trouver leur compte en allant voir « Quartet ». La narration se déroule sans à-coup. Les événements s’enchainent régulièrement et les rebondissements sont relativement peu nombreux. Cela ne veut pas dire qu’on s’ennuie ou que la séance s’avère monotone. Mais il ne faut pas perdre de vue que le spectateur est immergé dans le quotidien d’une maison de retraite. De plus, l’unité de lieu offre une dimension théâtrale à l’opus. Cela se justifie d’ailleurs par le fait qu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Ronald Harwood. C’est un film qui ne nécessite pas d’être vu sur un immense écran pour être pleinement savouré.
L’atmosphère habitant les lieux est habilement transcrite. La sensation de calme qui envahit la pension est agréable et transpire de l’écran. Les différents personnages sont bien construits. La grande richesse du casting et de l’écriture fait chaque protagoniste qu’il soit central ou secondaire participe au réalisme de la trame et de son univers. La qualité d’interprétation est remarquable pour chaque rôle. Les pensionnaires font naitre une empathie immense à leur encontre de la part du spectateur. Certains reprocheront au film de nous noyer dans les bons sentiments. Personnellement, je remercie le réalisateur et le scénariste pour les mêmes raisons. Cela reste agréable de se laisser envahir par des moments touchants et des attentions bienveillantes.
Malgré tout, l’histoire se centre autour du quatuor principal. Le spectateur ressent la rupture d’équilibre qui apparait lors de l’arrivée du quatrième mousquetaire. Les trois autres avaient trouvé leur bonheur dans leur quotidien de musiciens à la retraite. L’apparition de Jean ravive les souvenirs, bons comme mauvais. Les cadavres ressortent des placards. Les non-dits étouffés jaillissent à nouveau. Je ne développerai pas davantage cette partie car ce serait vous gâcher une partie du plaisir d’en découvrir les détails et les révélations par vous-même. Néanmoins, les rapports entre les personnages sont habilement construits de telle manière qu’on se laisse aisément porter par l’intrigue. Malgré tout, il ne faut pas non plus s’attendre à des retournements abracadabrantesques. Le fil conducteur reste classique mais on prend du plaisir à le voir se dérouler…
En conclusion, je peux dire que « Quartet » m’a permis de passer une après-midi sympathique. Je ne me suis pas ennuyé et ai pris plaisir à suivre les turpitudes de ce quatuor de septuagénaire. La qualité des interprètes permettent de mettre dans l’ombre un scénario un petit peu paresseux qui aurait gagné à être approfondi. Les personnages secondaires auraient pu donner lieu à d’autres trames qui auraient densifié l’ensemble. Malgré tout, il ne faut que cela vous empêche de vous laisser tenter lors d’un futur passage à la télévision…
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