Nouveau film d'espionnage, un an après The 39 Steps, Secret Agent pose ses caméras au cœur des Alpes suisses pour une chasse à l'homme exaltante, drôle et entraînante. Si le suspense y reste léger, l'œuvre est agréable notamment grâce au duo d'agents incarnés par John Gielgud et l'excellent Peter Lorre, comme préfigurant les buddy-movies policiers contemporains. Certes pas le plus angoissant des films du maître Alfred Hitchcock, pas non plus le plus comique, mais son atmosphère de récréation séduit et vient confirmer que le cinéaste britannique sait s'amuser au 


mélange des genres avec l'efficacité légère du divertissement.



Un soldat britannique recruté pour les services secrets de Sa Majesté le Roi, un général mexicain extravagant et volubile, une apprentie espionne rongée de sentiments, un agent allemand à éliminer et un séducteur importun et insistant ; 


c'est dans les confrontations que l'auteur développe l'intrigue comme un vaudeville envolé



– le scénario n'est pas des plus impressionnant, l'intuition de la réel cible se comprenant rapidement pour qui fait preuve d'un peu de jugeote – et sous une mise en scène plus effacée qu'à l'habitude mais avec le même soin graphique et narratif, le casting fait le job !
Peter Lorre en tête, comique du duo à l'enquête, grimé et habité, se plie à la composition farfelue de ce général mexicain toujours sourire, capable des meilleures vannes comme de meurtre de sang-froid ; un réel numéro de comédien, inoubliable, qui préfigure les excentricités de Peter Sellers dans The Party. Si John Gielgud assure un peu platement, un peu maladroitement, mal assuré, son rôle d'intellectuel soldat en prise avec sa conscience, si la belle Madeleine Carroll hérite un peu tristement d'une partition plus fade que celle de l'année précédente, leurs prestations restent à la hauteur des exigences, et servent finalement la narration pour céder l'autre versant de l'extravagance à Robert Young, pédant et impétueux à merveille, embarqué entièrement sous le masque de son insupportable personnage de douceurs feintes.


La mise en scène marque moins que celle des meilleurs suspenses du maître, peut-être parce que l'aspect comédie légère prend le dessus. Le rythme reste bon, entraînant, et les personnages, qui se débattent avec leurs propres émotions et avec leurs propres enjeux, tiennent la narration avec efficacité. Dès lors la patte d'Alfred Hitchcock s'efface un peu et Secret Agent semble 


une petite respiration sous la chape des films sombres



qui font la plus grande partie de sa filmographie.

Matthieu_Marsan-Bach
7

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Créée

le 23 août 2018

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