Quatre de l'espionnage par Jibest

J'ai vu ce film il y a plusieurs années et comme un autre utilisateur de SC m'a fait remarquer la légèreté de ma critique, j'ai décidé de faire ramener mes souvenirs, de prendre des renseignements sur internet et auprès des autres masochistes de ma connaissance, et j'ai sinon revu certaines scènes sur Youtube (et suis tombé vite sur un faux raccord magistral mentionné plus bas (quel teasing!))

- Ne pas confondre 4 de l'espionnage et Agent secret sortis la même année car le premier a comme titre original Secret Agent et le second Sabotage. Donc il peut y avoir une petite confusion.

- En 1936, Hitchie réalise donc un film de commande sur les espions durant la 1ère guerre mondiale. Comparé à ses autres thrillers de l'époque, et surtout au contexte tourmenté, ces 4 paraissent bien anachroniques et vieillots. On aura droit à l'éternel antagonisme avec les allemands mais sans oser encore attaquer les nazis de front comme pour les Enchaînés ou 5ème colonne (une fois seulement qu'Hitchcock sera à l'abri des bombes). Bref, c'est une série B de commande.

- Les copies disponibles du film en NB ont mal vieilli : la photographie n'est pas bonne du tout mais attendons une possible remasterisation pour juger définitivement ce point.

- Sur l'édition française VHS, les sous-titres proposés sont juste mauvais, avec des formulations incongrues et des fautes de français monstrueuses.

- Alors l'histoire serait celle d'un héros de guerre passé pour mort pour jouer les espions. Donc déjà pour qu'un agent soit inaperçu, prenez quelqu'un que les allemands devraient connaître!
Pour rajouter dans la difficulté mettons lui dans les pattes un faire-valoir étranger et une femme gaffeuse qu'on ne lui aura pas présenté avant de le lâcher dans la mission, preuve du professionnalisme des services secrets britanniques. .

- Tiens un dandy veut séduire ma partenaire. Mais je ne sais toujours pas qui peut être ce redoutable espion allemand!

- Visiblement pour faire stopper un train, il faut qu'il entre en territoire ennemi pour pouvoir le faire attaquer par des avions.

- John Gielgud est l'incarnation de la psychorigidité britannique, ce qui, pour de nombreux rôles, l'a beaucoup aidé; ici non! Lorre cabotine et n'est pas crédible comme sud-américain (je crains de voir ses films où il joue un japonais!) Il fait juste le faire valoir (donc "rigolo") métèque (donc psychopathe repoussoir moral du noble héros de la fière Albion). Et mon coeur ne bat pas pour Madeleine Carroll, surtout à cause de la stupidité de son personnage.

- Le réalisateur prenait la peine de faire quelques figures de style dans Agent secret (Sabotage et pas ce piteux Secret Agent, vous suivez?). Là pas besoin. Il suffit d'étirer platement les plans entre 2 clichés et ne pas voir certains faux raccords monstrueux (comme Peter Lorre qui perd sa clope au bec en un plan pour pouvoir parler alors qu'il est encore en gros plan!) et le chèque sera quand même encaissé.

En clair le film ne marche pas pour moi : le contexte, l'histoire, le casting et la technique. Tout m'a fait passé un mauvais moment.


PS : SPOILER
J'ai été sur le cul devant la fin audacieuse : le méchant et le métèque meurent, et le héros serre la jolie fille dans ses bras pour la réconforter. Avec cela, on n'a pas l'impression de perdre son temps.