Je devais voir ce film depuis sa sortie, tâche finalement accomplie !
Enfin, si l'on peut parler d'une tâche, puisque je me suis tout à fait laissée embarquer par ce duo de policiers nettement opposés : l'un sanguin, exprimant ses émotions par tous les moyens possibles, comme quelque chose qu'il devrait absolument expulser ; l'autre les refoulant toujours, ce qui crée une tension palpable chez lui, qui ne paraît jamais s'apaiser.
Cette opposition peut paraître redondante, comme j'ai pu le lire dans quelques critiques, mais j'estime qu'elle reste très intéressante, surtout dans ce film où elle n'est pas seulement placée là sans raison, mais bel et bien exploitée dans le dénouement de l'enquête.
De plus, il s'agit d'un film traitant d'un tueur en série, quelque chose qui m'intéresse réellement beaucoup, pour je ne sais quelle raison ; probablement parce qu'il ne peut pas s'agir d'un crime passionnel, d'une pulsion morbide, mais de quelque chose de réfléchi, qui remonte à loin dans la psyché du tueur en question. J'ai toujours été intriguée par ces choses là.
J'apprécie le fait qu'on ait la perception de nombreux personnages : Alfaro, sa famille, Velarde, Rosario, l'assassin, plusieurs autres enquêteurs. On saisit ainsi l'affaire presque dans sa globalité. Et bien plus que l'affaire à vrai dire, on peut aussi voir quels effets a le métier de policier sur la vie de famille d'Alfaro et les relations de Velarde.
Je ne m'attendais pas à la fin. J'aurais sûrement condamné l'acte de Velarde en temps normal, étant vivement contre l'idée de se faire justice soi-même, mais le pathos lié à la mort d'Alfaro fonctionne pas mal sur moi. Ma frustration face à celle-ci a pris le dessus sur ma raison pour le coup ahah. Et puis, finalement, Velarde fait ce que nous mourrions tous d'envie de faire à ce meurtrier, notamment parce que son ingéniosité l'a conduit à échapper aux mains de la police assez longtemps pour faire cinq victimes, et quelles victimes en plus.
Quant au titre, je le comprends ainsi : on demande à Dieu de pardonner ce que nous ne pouvons pas.
J'ai aussi apprécié la scène d'interrogatoire sur le pas de la porte de la nièce d'une victime : petit clin d'oeil aux débordements des policiers lors de manifestations, et de manière intéressante puisque Alfaro se défend en expliquant bien que cela ne concerne pas tous les policiers, mais on en parle et on le montre à travers de rapides images, indiquant que le problème est bien réel.
En somme, j'ai trouvé le film complet, à la fois dans l'empathie, dans le sentimental - y compris lorsque les enquêteurs se placent dans les positions des victimes pour expérimenter la scène de meurtre de leur point de vue - et dans un aspect plus froid, distant, plus objectif, qui nous permet de suivre l'enquête avec autant d'engouement que ces singuliers coéquipiers.