Le premier film de Bertrand Bonello, bien loin d'être foncièrement mauvais ou même raté, possède le charme ambivalent des essais inaboutis : tour à tour passionnant dans sa réalisation non dénuée d'audaces et frustrant dans son résultat final Quelque chose d'organique reste incontestablement digne d'intérêts réflexifs. L'écriture est d'ores et déjà remarquable de finesse et de justesse, plusieurs années avant le sidérant Tiresia et le mésestimé De la Guerre. Bonello y impose son intellectualité et ses questionnements psychologiques avec une maturité désarmante, maturité qu'il ne lâchera plus par la suite...


Cette ébauche filmique, empruntant par moments les chemins d'un cinéma arty et fabriqué, reste pourtant étonnamment probante dans sa peinture du couple, principalement dans son exploration des non-dits et des comportements absurdes qui s'ensuivent. Laurent Lucas, encore assez jeune à l'époque, y livre une prestation fascinante et pleine de blessures sous-jacentes ; Quant à Romane Bohringer elle impose une cinégénie troublante et atypique évoquant d'une certaine façon le faciès de Charlotte Gainsbourg.


La lenteur du film, sans jamais devenir un réel défaut, distille un curieux malaise laissant l'impression d'une longueur mitigée - malgré la courte durée du métrage. Cela reste du moins très prometteur et déjà fidèle aux thématiques du cinéaste ( l'amour, Eros et Thanatos, la sexualité, la fascination pour le corps...). Une rareté à redécouvrir !

stebbins
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le 16 juin 2015

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