Troisième film de J.A. BAYONA après avoir raflé tous pleins de Goyas (les Césars espagnols) avec "L'Orphelinat" et "The Impossible", "Quelques Minutes Après Minuit" (ou "A Monster's Call" en V.O) reste très similaire aux précédents films cités par ses thématiques (le deuil, l'enfance), mais aussi par ses références au cinéma de genre (le film est abordé sous l'angle du film de monstres, un genre dont Bayona s'est déjà inspiré sur "The Impossible" et le film de fantômes sur "L'Orphelinat").


Pour ceux qui ne connaissent pas Juan Antonio BAYONA, il s'agit d'un cinéaste qui fut révélé très jeune grâce à "L'Orphelinat" lors du Festival de Cannes en 2007. Le film, produit par Guillermo DEL TORO, est un modèle de découpage et de mise en scène qui aura très tôt valu à Bayona le surnom de "Spielberg ibérique", d'abord par ses thématiques liées à l'enfance et à sa prise de responsabilité face au monde, mixé avec des références liées au cinéma d'exploitation et de genre.


"Quelques Minutes Après Minuit" est ainsi un sujet en or pour Bayona puisque le film raconte l'histoire d'un enfant en train de perdre sa mère victime d'un cancer en phase terminal, et qui rencontrera un monstre qui l'aidera à surmonter son deuil.


Par sa mise en scène, Bayona nous livre un film passionnant, prenant l'allure d'un conte pour adultes avec son impressionnante créature en forme d'arbre et interprétée par Liam NEESON : Chaque scène est un modèle de découpage à analyser plan par plan, en témoigne la première apparition du monstre ! Par exemple, la fenêtre de la chambre de Connor fait souvent office de seuil entre sa réalité et son imaginaire où se dresse ce monstre en forme d'arbre géant.


La réalisation de Bayona va également s'inspirer du film d'animation lorsque le monstre racontera les histoires à Connor : Des petites scénettes animées type "aquarelles" qui, en plus d'apporter une belle touche de poésie au film, résonne en terme psychanalytique puisque certaines illustrations nous rappelleront un certain test de Rorschach !


En terme d'interprétation, le film nous bluffe littéralement par la manière dont le jeune Lewis MACDOUGALL investi son rôle : Un rôle de base, très difficile à interpréter pour un enfant mais ici joué avec une véritable justesse tant et si bien qu'il est difficile de ne pas s'identifier à ce jeune personnage ! Mention spéciale également à Sigourney WEAVER dans le rôle de la grand mère qui endosse également le lourd rôle d'antagoniste du récit : Un rôle également difficile quand il s'agit de défier un enfant en train de perdre sa propre mère, interprété ici avec beaucoup de conviction.


En fait, si le film peut sembler quasiment parfait tel le "film de l'année 2017" (ce dernier n'étant sorti qu'en... Janvier !), on peut néanmoins poindre quelques choses à redire sur le film, notamment sa mécanique narrative un peu redondante, et assez prévisible : Chaque histoire racontée par le monstre est une étape dans le deuil de Connor. Il est alors assez facile d'envisager la suite des événements, surtout que Bayona a bien huilé sa mécanique - peut être même trop - ce qui fait qu'on a tendance à très vite voir venir où notre cinéaste veut nous emmener. Un soucis un peu trop dommage car cela m'a moi-même privé de gros moments de forte émotion, mon cerveau étant un peu trop resté dans l'analyse au lieu de se laisser emporter par ce torrent d'émotions !


De plus, je n'ai pas trouvé très subtil le choix de la musique, se contentant d'aligner les pièces de piano larmoyantes qui appuient trop certains moments d'émotion.


Mais quoi qu'on peut en dire d'autre, "Quelques Minutes après Minuit" reste un film hautement recommandable pour tout cinéphile en quête d'émotion. Le film fait preuve d'une véritable justesse dans sa manière de raconter l'histoire du jeune Connor, et montre une fois de plus le talent de réalisateur de J.A. BAYONA, ce qui me laisse également de très bonnes espérances pour la suite de "Jurassic World" qu'il a prévu de réaliser !


La critique vidéo FILM/20 du film QUELQUES MINUTES APRES MINUIT, c'est ici !

BLOODY-COUNT
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le 13 sept. 2017

Critique lue 307 fois

2 j'aime

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