Le pathos dégouline un peu à la fin.

Putain, quel film ! Autant, j'avais trouvé l'orphelinat intéressant, mais vraiment imparfait dû à une lenteur inutile et un propos intéressant mais finalement ne va pas assez loin, et j'avais trouvé son récent Jurassic world 2 complètement bidesque, mais là on tiens, je pense, un excellent équilibre entre le blockbuster grand public pour la forme et un propos intelligemment construit pour le fond.

Evidemment, l'un des reproches que l'on pourrait faire au film, c'est que c'est parfois très bien écrit avec beaucoup de subtilité alors qu'à d'autre moment, ça en manque un peu. L'histoire est donc celle d'un petit garçon, qui habite avec sa mère célibataire atteinte d'un cancer à un stade avancé, et celui-ci craint de la perdre et ne sait comment faire pour l'aider dans un monde où tout le monde le rejette ou veulent simplement l'écarter, même les adultes de sa famille. Le film commence donc avec un cauchemar que fait le gamin de manière régulière sur la perte de sa mère, et il s'agit sans doute de mon plus gros reproche en ce qui concerne le film, c'est que ce flash-forward est juste complètement gratuit et nuit même à la narration du film, parce qu'on comprends immédiatement où le film veut en venir et qu'on va quand même se retaper la même scène à la fin du film et qu'on a deviné dés le premier visionnage où ça voulait en venir. Après cela donc, on est introduit dans le quotidien du héros où il se rapproche de sa mère malade qu'il aime tant, où il se fait tabasser à l'école parce que c'est le gamin triste de la classe. Pour en venir enfin au passe-temps du héros, le dessin (dont on apprendra plus tard qu'il s'agit là en réalité d'un héritage de sa mère), où il s'imagine déjà toutes sortes d'histoires et de créatures fantastiques. Et c'est alors qu'il fait la rencontre de la créature du film, qui n'est autre que la personification de l'if (campé par Liam Neeson) se trouvant à proximité de la maison du héros. L'arbre géant va alors demander au héros d'écouter 3 histoires, après quoi le héros devra raconter la 4ème histoire, sous peine de se faire dévorer sous le courroux de la créature.

Ca c'est le pitch. D'abord, autant j'ai trouvé le contenu des 3 histoires intéressantes qui évite les morales totalement débiles et déjà vue et entendues, autant je trouve ça dommage que le film te dise déjà qu'il y a 3 histoires, parce que tu es trop souvent ramené à la temporalité même du film et tu devine petit à petit comment la narration va se dérouler, au lieu de la découvrir. Pour revenir sur les 3 histoires donc, elles sont, pour d'eux d'entre elles, animées en 3D et ce d'une belle manière, avec un effet peinture à l'aquarelle qui donne un cachet très onirique à la mise en scène de ces deux histoires. Du coup, il y a un mélange des styles au sein du film qui est fort appréciable. Le montage s'enchaîne d'ailleurs parfaitement, ce qui fait qu'on est jamais choqué par un coupage violent lorsqu'on passe des scènes fantastiques aux scènes qui se passe dans le monde réel.

Pour en venir aux personnages, ils sont tous parfaitement joué (mention spécial au gamin qui semble vrai, sans être absolument insupportable) et j'ai beaucoup aimé le design du monstre. Je sais que beaucoup le compare au design de Groot dans les Gardiens de la galaxie, mais au moins j'ai vraiment l'impression que celui-ci est plus travaillé avec ses branches notamment. Mais bon après, on est d'accord, c'est pas le design le plus original du monde, mais ça fait le café. D'ailleurs, Liam Neeson offre une performance très satisfaisante et sait conter les histoires de manière à les rendre intéressantes (ça aurait été con de louper le coeur du film).

Les personnages ne sont jamais manichéens, et sont toujours dans des situations pourtant compliqués où lorsqu'une décision est prise, ben c'est jamais pour faire le mal, ou pour faire le bien, c'est toujours pour faire le mieux, malgré les conséquences que cela peut avoir sur le héros ou d'autres personnages. Et ça c'est déjà une écriture beaucoup plus intelligente que dans la plupart des films tout public (ou "pour lé zenfan" si vous voulez). Et ça les rends surtout réels.

Je doit dire malgré tout que le film fait dégouliner le pathos à fond vers la fin et qu'à l'image du héros qui se repose après avoir conté son histoire (à comprendre par là qu'il est prêt à dépasser son deuil et sa douleur), on aurait aimé nous-même avoir un petit moment de pause pour digérer tout ça avant de nous précipiter au pied du lit de la mère mourante.

Bref, il s'agit là d'un film extrêmement touchant et intelligent, malgré son manque de subtilité. Le film rappelle un peu E.T de par son propos, mais qui lui était sans doute moins dans le pathos mais du coup avait un récit, qui sur le fond, était peut-être moins universel. Parce qu'un deuil, dans notre vie, on en a tous vécu, ou on sera tous confronté à cette expérience, contrairement à un divorce des parents, lorsqu'on est jeune (et pas sûr d'ailleurs qu'on y réagisse de la même manière).

Un excellent film donc, même si ses petits défauts pour en titiller certains.