L'acmé du divertissement : un show lapin selon Zemeckis

Il s'agit là d'un véritable chef d'oeuvre, d'une pièce maîtresse techniquement ahurissante doublée d'un divertissement de tout premier choix, comme à la croisée des genres : Who framed Roger Rabbit est pour nous l'occasion d'assister à un formidable plaisir de cinéma, généreux et très intelligemment fabriqué.


Rien n'est à jeter dans ce whodunnit savoureux et palpitant, de l'introduction cartoonesque à la reconstitution démentielle du Hollywood des années 40 en passant par des personnages pittoresques et foncièrement attachants : le soiffard et désabusé Eddie Valiant, le terrifiant Judge Doom, la plantureuse Jessica Rabbit ou encore l'espiègle Marvin Acmé ; les techniques adoptées par Robert Zemeckis et son équipe de tournage et de post-production s'avèrent tout à fait prodigieuses et aucunement surannées pour le spectateur d'aujourd'hui. Résolument moderne et jubilatoire Who framed Roger Rabbit figure sans nul doute parmi les plus grands films des années 80, assumant entièrement son caractère divertissant sans pour autant empêcher la réflexion et les multiples interprétations qui en découlent...


La métaphore filée de l'Holocauste et de la mégalomanie hitlérienne semble être l'une des pistes de lecture de cette passionnante comédie policière, réinventant la figure du chancelier nazi à travers le personnage du Judge Doom : projet similaire de construction d'autoroutes, conquête du Monde et génocide de toute une civilisation ( les toons de Zemeckis et sa bande ont ici remplacé les juifs ), solution finale à base de térébenthine, ordre public mis à mal par la délation... Il est évident que Who framed Roger Rabbit ne se réduit pas à cette interprétation post-traumatique de la Seconde Guerre Mondiale, puisque le Cinéma et Hollywood y tiennent également une place prépondérante : film noir, film burlesque, film policier, film musical même, le chef d'oeuvre de Zemeckis reste un must incontestable du Septième Art.


La bande originale de Alan Silvestri, entre le jazz, la musique symphonique et les sonorités loufoques des cartoons de Tex Avery s'avère être l'un des sommets majeurs de la carrière cinématographique du compositeur de Back to the Future et de Forrest Gump ; le montage démiurgique de Arthur Schmidt, les effets spéciaux et la redoutable direction artistique dudit Roger Rabbit lui ont permis d'obtenir quatre Oscars significatifs, saluant forcément la prouesse technique qu'il représente. Un film essentiel à voir et à revoir encore et encore. Incontournable.

stebbins
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le 2 sept. 2019

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