Très attendu suite au buzz commercial très bien mené pour la promotion du film à coup de teaser, bande d'annonce et trailer très mystérieux, [REC] aurait pu décevoir. Le mystère autour du film qui a remporté tous les prix au festival de Géradmer de 2008 s'est très vite dissipé par une série de bande d'annonce qui proposaient pour certaines d'entre elles des images se révélant spoiler, mais le buzz loin de s'atténuer avec la sortie du film, n'a cessé de grandir, et le débat autour de se film ne cesse de continuer. En Espagne, il y a des gens qui se rendent devant l'immeuble ayant servit de lieu de décors comme dans une sorte de rituel fanatique. La question s'impose très vite devant ce genre de phénomène. Le film mérite-t-il un tel buzz ? Une question qu'on est en droit de ce poser. Les deux réalisateurs n'en sont pas à leur premier coup d'essais. Jaume Balaguero quelque peu sous-estimé s'est pourtant fait déjà remarquer dans le monde entier avec Fragile. Quand à Paco Plaza il s'est illustré dans la peur et l'horreur savament distillés avec A louer. Les deux réalisateurs se sont réunis pour un film dont le mot d'ordre était de faire trembler le public. Tourner en 40 jours, avec des acteurs inconnus, en caméra épaule, travail de lumière fait en amont, et prouesse de l'équipe d'effets spéciaux qui devait pratiquement travailler en direct, [REC] est de fait, une véritable prouesse technique, une leçon de cinéma en sommes. Ou comment créer un véritable buzz autour d'un film tourner en peu de temps avec peu de moyen.

Le pari des deux réalisateurs était donné. Faire peur. L'utilisation de la télévision comme un média manipulant son public mais réduit à servir de témoin, preuve de la réalité des faits n'est pas une première dans le cinéma, mais elle a rarement été aussi bien été utiliser, rarement aussi bien servit un film, rarement aussi talentueusement distillé la peur dans le cœur du public. L'effet « Projet Blair Witch » se fait immédiatement sentir et n'est nullement renié par les deux réalisateurs qui joue effectivement là-dessus. Mais ici ce ne sont pas des cassettes retrouvés, ce ne sont pas des amateurs jouant à se faire peur, ici le caméraman n'est jamais vu, et la caméra sert principalement à mettre le public au cœur de l'action, à lui faire ressentir la peur comme l'éprouve les autres témoins impuissant de cette catastrophe. Si l'on pourrait reprocher à [REC] d'être très proche de Cloverfield ou de Diary of the Dead (qui sortira en Juin), les deux réalisateurs n'ont pas fait le rapprochement qu'après avoir tourner le film. Et le fait est que [REC] est assez différent de ces deux films. En vérité, seul le buzz entourant ce film pourrait se rapprocher du Buzz entourant Cloverfield mais là où a échoué J.J.Abrams en laissant croire à une adaptation de « L'appel de Chultlu » et irrémédiablement décevant son spectateur, les deux réalisateurs du terrifiant [REC] n'ont pas déçu leur public avide de peur. Le pari de [REC] réside principalement à placer le public au cœur du film, à lui offrir une véritable expérience de peur, ressentie en directe. Et le pari est facilement tenu par un montage habile, dont on ne voit même pas les coupures et encore moins les ellipses.

La particularité de [REC] on l'aura compris c'est d'utiliser la caméra d'un reporter comme un témoin servant à faire vivre au spectateur l'horreur de la situation en temps réel. Mais là où le film est véritablement réussit, c'est qu'il parvient à distiller la peur durant tout le film, sans jamais relâcher la pression, mais à laisser aussi au spectateur le temps d'avoir peur. L'enfermement progressif des habitants de l'immeuble dans la catastrophe, l'humour utiliser au début du film comme dérision du média utiliser disparaissant progressivement au profit de la tension des habitants de l'immeuble, de la peur de l'inconnue, participe véritablement à l'installation de la peur qui ne fera que grandir chez le spectateur jusqu'au dénouement. Les vingt dernières minutes du film ne laissent pas de répit au spectateur. Plongé au sein de l'horreur même, il n'aura pas d'échappatoire, et la seule solution est de naviguer au sein de cette horreur en filmant toujours, ne jamais s'arrêter de filmer, l'autre mot d'ordre du film. Le caractère très réel du film tient aussi en ces personnages qui dans la panique et la peur, se sont au service que de leur instinct de survie des plus basiques et n'ont plus aucune morale, plus aucune valeur, plus aucune pitié. Mais loin de tomber dans les clichés des films d'horreur proposant habituellement des personnages forts, qui se serre les coudes, [REC] a la force de proposer des personnages qui restent humains malgré l'horreur qui les entoure. Et finalement, c'est peut-être ça, qui nous cloue à notre siège dans la salle obscure, l'extrême réalité de ce film.

Conclusion ? On peut dire ce que l'on veut de [REC] et du buzz qui l'entoure, c'est le meilleur film d'horreur 2008. Et son remake déjà tournés aux U.S.A. ne se gênant pas pour reprendre pas mal de plans du film espagnol sans grande originalité, ne fait qu'une chose, prouver le succès grandissant de l'œuvre espagnol qui ne manquera de marquer les esprits. A voir donc, si ce n'est pas déjà fait.
Sophia
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le 13 déc. 2010

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Sophia

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