Les films de boxe, c'est beau. On voit un homme monter sur le ring avec ses rêves et ses espoirs, on le voit trébucher, prendre des coups, se relever et refuser le KO. Finalement on y voit le combat d'un homme contre la vie elle-même, métaphore musclée et intense d'une revanche sur l'existence. Les films de boxe, c'est une boule au ventre qui explose lorsque votre poulain réalise un exploit. Raging Bull est un de ces films de boxe et vous ne ressentirez rien de tout ça devant.


Le taureau enragé est un boxeur d'origine italienne tout droit venu du Bronx, Jake LaMotta. On le découvre lors de ses débuts, à une époque où les victoires s'enchaînent et où les autres boxeurs ne veulent plus affronter ce monstre. Dans le même temps, LaMotta rencontre une jeune adolescente du nom de Vickie dont il tombe éperdument amoureux et qui deviendra sa femme quelques années plus tard.


Ce biopic va retracer la montée de LaMotta au sommet du milieu poids moyens, jusqu'à sa consécration en battant le champion du monde Marcel Cerdan. Il va surtout s'attarder sur la relation entre Jake et Vickie et sur l'influence que celle-ci va avoir sur le boxeur et sur sa carrière. Parce que voyez-vous, Jake est un sacré jaloux. Tellement qu'il va réussir à se persuader seul que la moitié du quartier dont son propre frère a osé toucher à sa femme. Ce qui donnera lieu à l'une des scènes les plus mémorables du cinéma (spéciale dédicace à De Caunes et Garcia!).


Avec ce film, Martin Scorsese ne cherche pas à vendre du rêve à ses spectateurs. Il s'attache à dépeindre au mieux le milieu de la boxe dans le New-York des années 40 et 50. Un milieu difficile où un boxeur devait parfois se coucher pour pouvoir obtenir les matchs qui l'intéressaient. Un milieu simple où la famille prend une place importante. Un milieu fragile où les plus grands champions ne sont pas nécessairement les héros de leur temps. Enfin un milieu d'étoiles filantes, où lorsque la gloire passe, la seule option restante est la reconversion.


Raging Bull mérite amplement la réputation de chef d'oeuvre qui le suit encore aujourd'hui. Son réalisateur ne prend pas de gant pour présenter le personnage de Jake LaMotta, vous pourrez ainsi vous faire votre propre idée de qui était cet homme, de ses victoires sur le ring et de ses défaites dans la vie. Pas de métaphore ici, juste la réalité froide. Une tranche de vie sans concessions que je ne peux que vous conseiller de regarder.

AymericBeatrix
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le 29 sept. 2019

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Captain Frisbee

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