Rain Man est un film qu’on oublie pas de si tôt après l’avoir vu. Et ce pour de multiples raisons. En premier lieu, Dustin Hoffman. Peut-être l’acteur le plus oublié de sa génération, il a pourtant marqué les mémoires à de multiples reprises. Sa prestation dans Rain Man est quant à elle saisissante. S’inspirant de sa propre expérience du temps où il travaillait dans une institution psychiatrique, l’acteur a su recomposer à la perfection la complexité autistique. Complétant ce duo pour le moins inattendu, Tom Cruise révèle quant à lui un potentiel dramatique jusque là insoupçonné. Idéal en jeune loup cupide et manipulateur, il compose un personnage presque aussi touchant que son vis à vis dans l’évolution qu’il lui fait subir à mesure qu’il découvre Raymond et se redécouvre lui-même parallèlement. La scène où il réalise qui est réellement Rain Man est à ce titre véritablement bouleversante de sincérité. Côté récit, Barry Levinson ménage soigneusement ses effets en jalonnant sa comédie d’éléments dramatiques (des crises d’anxiété de plus en plus fréquentes) qui nous rappellent régulièrement la condition de Raymond, qu’une personne peu familière avec l’autisme pourrait prendre pour un simple original. C’est aussi une des forces de ce récit, familiariser progressivement le spectateur avec cette affection pathologique pourtant très répandue. Un dernier mot concernant la musique du film, composée par Hans Zimmer, le grand oublié des Oscars pour Rain Man qui en récoltera quand même quatre (Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Dustin Hoffman et meilleur scénario). Tantôt donnant le tempo de la comédie, tantôt sublimant l’atmosphère poético-dramatique du récit, elle participe grandement au succès du film. De loin le meilleur long métrage du très inégal Barry Levinson.