John Rambo,ex sergent parachutiste aux multiples talents homicides,est en proie à un sévère stress post-traumatique depuis sa démobilisation après le Vietnam.Rentré au pays,il vagabonde à la recherche de ses anciens compagnons d'armes,découvrant que ceux qui sont revenus de la guerre sont tous morts suite à des cancers provoqués par l'agent orange généreusement dispensé par l'armée US lors du conflit.Voulant s'arrêter un peu dans la petite ville de Hope,il s'en voit expulsé par le shérif Teasle,un gros boeuf qui n'aime ni les vagabonds ni les vétérans.Comme le soldat ne se laisse pas faire,le policier l'arrête et ses subordonnés s'amusent à brutaliser le prisonnier,ce qui lui rappelle de mauvais souvenirs asiatiques et a le don de l'énerver.Après avoir copieusement bastonné tous les flics du poste,il s'enfuit dans les bois environnants,ce qui entraîne une battue géante.Sauf que le chasseur n'est pas celui qu'on croit car Rambo,rompu à toutes les formes de guérilla,est beaucoup plus à l'aise sur le terrain que ses poursuivants.Naissance d'un mythe.Le film est l'adaptation par Sylvester Stallone,Michael Kozoll et William Sackheim d'un roman écrit par David Morrell,universitaire canadien s'étant inspiré d'Arthur Rimbaud pour nommer son personnage.Il ne s'agit pas comme beaucoup l'ont cru à l'époque d'un Vietnam Movie,ou plutôt ça l'est de manière indirecte à travers le traumatisme du personnage,car tout ,hormis quelques flashbacks subliminaux,se passe aux Etats-Unis.La guerre y est rejouée par un viet vet à la psychologie très perturbée que des ploucs agressifs ont eu l'imprudence de provoquer.Le réalisateur Ted Kotcheff,lui aussi canadien,utilise magistralement des décors sauvages de montagne genre automne-hiver,c'est également tourné au Canada,et nous livre une de ces ambiances dont il est coutumier,avec une lumière grisâtre,des paysages hostiles où se mêlent pluie,neige,boue,rivières glacées,falaises vertigineuses,pentes ultra raides ou galeries minières obscures.Bien aidé en cela par la photo crépusculaire d'Andrew Laszlo et la musique angoissante de Jerry Goldsmith,il déroule un récit limpide à la fois émouvant et euphorisant dans un contexte de violence et d'incompréhension au coeur d'une Amérique seventies gauchisée maltraitant ceux qui ont combattu en son nom alors que les boys ne faisaient qu'obéir aux ordres des politiques,comme il est d'usage.Rambo,déjà bien déséquilibré par ce qu'il a vécu,est traité en pestiféré dans sa patrie qu'il ne reconnait plus.Ne pouvant même plus se raccrocher à l'amitié de ses potes disparus,il erre lamentablement et l'agression dont il est victime réactive ses réflexes meurtriers,lui redonnant bizarrement un but et une dignité parce que le combat il sait faire.Ces souvenirs de la sale guerre que les amerlos voulaient oublier reviennent alors comme un boomerang en pleine face d'un pays honteux.Ce contexte dépressif est compensé par le spectacle jouissif d'un film d'action fort bien mené qui voit une bande de péquenots sadiques,stupides et trop sûrs d'eux se faire défoncer par un homme seul aux ressources infinies.As du camouflage,du piège,du couteau,des explosifs et des armes à feu,Rambo fait au gré de scènes captivantes "une guerre comme t'en as jamais vue" à des hordes d'adversaires ridiculisés,gravement maltraités et de plus en plus désemparés,la violence montant crescendo jusqu'à la fin en une implacable progression.Ceci dit Rambo n'est pas épargné dans cette lutte et doit crapahuter dans une forêt pentue,s'accrocher à de la roche,faire des plongeons vertigineux,recoudre lui-même ses plaies,chasser le sanglier ou le doberman au surin,se planquer dans l'eau froide,rôder dans une nature frigorifique à moitié à poil,se paumer dans des souterrains où il est attaqué par des rats,la vie à la campagne, quoi!Mais sa résistance est sans limite et il continue à martyriser ses tourmenteurs sous l'oeil ironique du colonel Trautman,son supérieur et formateur qui,connaissant le bougre,est venu pour tenter de limiter les dégâts.Les conversations aigre-douces entre le shérif entêté et le militaire impassible sont d'ailleurs des plus gouleyantes.Stallone,dans la force de l'âge,exécute une prestation incroyable,que ce soit physiquement ou dans son jeu d'acteur,surfant habilement sur la folie de Rambo et l'humanité qu'il dégage.Le massif Brian Dennehy,grand comédien,est formidablement subtil dans le rôle de Teasle,traduisant idéalement son obstination qui fait progressivement place au doute puis à la prise de conscience et à la peur.Richard Crenna incarne sereinement un Trautman observateur se délectant secrètement des évènements car Rambo prouve la qualité de sa formation,finalement.Les principaux policiers sont incarnés par le costaud Jack Starrett,saisissant en brute épaisse,Chris Mulkey,qu'on a vu dans la série "Twin Peaks",et un tout jeune David Caruso,le futur Horatio Caine dans "Les experts:Miami".Le film est produit par le célèbre duo Mario Kassar-Andrew Vajna.

pierrick_D_
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le 11 mai 2021

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