Quatre points de vue sur une même affaire, quatre versions différentes d'un même fait divers, Rashomon propose quasiment un récit policier dans le Japon du Xe siècle.
En toile de fond perce une analyse de la déception que peut engendrer l'humain chez ses congénères, par égoïsme, par vanité, par mensonge, par orgueil et autres faiblesses typiquement humaines qui peuvent créer des dissensions au sein d'une même race (la race humaine donc).
Heureusement le message final vient nous délivrer un propos empli d'un infime espoir, celui d'une bonté naturelle, sans contrepartie, qui rassurera un des personnages du film comme le spectateur, alors que les protagonistes semblaient se morfondre dans l'incompréhension (répétant encore et encore la même phrase, soulignant leur incrédulité).
En dehors de ce fond de ce sociologie il faut avouer que le film Kurosawa se révèle un tantinet trop long lors de certaines séquences (les affrontements constitués de fuite et de glissades) jusqu'à la lassitude, alors même que le film ne dure qu'une petite heure et demie. Un point négatif assez étonnant qui ne fera qu'apprécier en contrepartie les images magnifiques d'une forêt tantôt dense tantôt clairsemée, où la lumière perce à travers le feuillage pour mieux mettre en valeur les plans sur la demoiselle au chapeau, les plans dans la clairière où le seigneur se retrouve attaché... Les scènes avec le "juge" et la médium sont aussi une belle réussite et l'on se régale de cette ambiance à la fois bucolique et lourde de crimes et de violence.
On se demande enfin qui a raison, quelle version est la bonne, jusqu'à comprendre que l'intérêt n'est pas là. Peu importe la vérité, seule semblent compter les motivations des personnages, le pourquoi de leurs divergences et ce que cela implique quant à la nature humaine.
Le tout sous un triste temps, pluie diluvienne qui laissera apparaître le soleil à la faveur de la belle action finale.
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