Ratatouille
7.3
Ratatouille

Long-métrage d'animation de Brad Bird et Jan Pinkava (2007)

Petit point cinématographique sur un bon vieux dessin animé Disney/Pixar que j'ai pris plaisir à revoir : Ratatouille de Brad Bird !

Un Pixar onzième sur vingt-deux films en ce qui concerne le box-office de cesdit films du studio américain !
Un succès retentissant donc, et selon le public un des meilleurs films de Pixar sans pour autant égaler les meilleurs films du genre de l'animation, et pourtant...

En plus de raconter une belle histoire sur la passion et l'ambition, Ratatouille explore deux théories : une freudienne - le ça, le moi et le surmoi - et une kantienne - celle du génie -

En effet, si on prend la théorie freudienne, chacun d'entre nous a une composition psychique en 3 instances : le Ça qui fait parti de notre inconscient et qui regroupe le refoulé, nos pulsions... ; le Surmoi qui est le filtre moral qui nous confère notre "normalité" et enfin le Moi qui synthétise ces deux instances précédentes.

Rémi (Ça) est un rat, plein d'ambition et de talent contre sa nature même de "parasite", son espèce est repoussante, comme le Ça dans notre psychisme.
Linguini (Moi) est un jeune homme sans ambition particulière, désormais orphelin, il est le personnage central comme le Moi.
Il intègre le restaurant de son père caché en tant que "commis aux poubelles", il évoluera vite grâce à Rémi et...
Colette (Surmoi) est une cuisinière expérimentée du restaurant qui va lui en apprendre un peu plus sur la cuisine.
Les erreurs que fera Linguini seront corrigées par elle comme le Surmoi.

Le film fait la synthèse de ces trois personnages pour faire évoluer le Moi dont l'allégorie est Linguini tout en restant optimiste : le film remplace les parents respectifs de Linguini par deux nouveaux, le Ça et le Surmoi (de sexes différents qui plus est) qui vont lui permettre de trouver une raison d'être, un nouveau départ.
Un message optimiste sur la vie, qui force à l'abandon du poids du passé pour évoluer, aller de l'avant. (exprimé par la mort des parents de Linguini et la scène entre Rémi et son père devant la vitrine du magasin de mort-aux-rats)

Le message du film est parfait quand on couple cette théorie freudienne à celle kantienne : celle du génie !
Les personnages répètent inlassablement ce mot : audace ! Le génie selon Kant est celui qui est original (crée quelque chose de nouveau) et originel (à l'origine d'une nouvelle convention), une certaine audace est nécessaire pour mieux évoluer selon nos intérêts au détriment du conventionnel et de la pusillanimité et donc éventuellement se révéler être un génie.
En première partie de film, la cadre est fixe/restreint/fermé quand le méchant chef Skinner - allégorie du conventionnel et de l'inflexibilité - est présent, mais lorsque Linguini rencontre Rémi puis Colette, le cadre commence à se dépêtre, les séquences ne se limitent plus au restaurant de Gusteau mais à la ville, les plans sont en mouvement quand Skinner est viré, la liberté s'installe donc !
Même le nouveau restaurant à la fin du film est ouvert sur la ville, il a une organisation plus sympathique que la cuisine traditionnelle du restaurant de Gusteau.

Et en prenant ces deux théories, on obtient le message si efficace que porte le film !
Le public visé par ce film sont les enfants, ainsi que leurs parents, éternels accompagnateurs, ces premiers sont l'avenir et à quoi bon élever ses enfants dans la conformité et le conventionnel ?
L'avenir se fait en se construisant comme se construit Linguini (la synthèse du Ça et Surmoi par le Moi) et c'est dans l'audace que ce à quoi l'homme est destiné - le travail - trouvera sa raison d'être et pourra exprimer l'étendue de son talent bien singulier.

Un magnifique film sur la liberté, le travail, l'évolution et l'audace qui se paye le luxe de nous suggérer ça sans prétention grâce à une habile mise en abîme exprimée par le monologue d'Anton Ego (critique culinaire irritable et hermétique à la cuisine qui sera conquis par la ratatouille de Rémi) sur l'art et la critique en fin de film.
Anton Ego écrit comme le film a écrit son histoire avec le mouvement (cinématographie : kínēma = mouvement ; gráphein = écrire)
L'art est important et fait appel à cette sensibilité qui nous est singulière et nous sommes libre d'aimer l'oeuvre d'art comme la critiquer.
Aux qualités citées ci-dessus, le film ajoute sa conscience de lui-même, c'est magnifique ! Film à (re)voir urgemment !

Créée

le 3 avr. 2020

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