Étant l'un des films les plus attendus de 2018, Ready Player One aura pris son temps pour faire son apparition dans les salles obscures. Il a déjà fallu plusieurs mois voire quelques années pour que Spielberg ait les droits des (très) nombreuses références qu'il utilise dans son film. La date de sortie a ensuite été décalée à Pâques à cause de la sortie de The Last Jedi (pas mal le coup marketing avec l'Easter Egg) et enfin la durée de post-production a été rallongée ce qui peut paraître légitime après coup. Un temps d'attente tellement long que Papy Steven a entre temps réalisé The Post pour ne pas s'ennuyer, cet homme est définitivement inarrêtable.
Ready Player One, c'est avant tout une adaptation du roman de science-fiction Player One écrit par le fanboy Ernest Cline. L'histoire nous plonge dans un monde aux abois en pleine décrépitude où les habitants s'échappent de leur quotidien dans l'OASIS, une plateforme de jeu en ligne où tout est rendu possible. Je ne parlerai pas plus du livre et de la fidélité accordée par Spielberg puisque je ne l'ai pas lu, mais en y réfléchissant bien qui d'autre que Steven pour faire un hommage à la pop culture à laquelle il a fortement contribué !


La première chose qui m'est venue à l'esprit après la séance, c'est d'avoir eu l'impression d'avoir regardé 30 films en 2h20. Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose, telle est la question. D'un côté, le film est sympathique et met de bonne humeur de part son côté décomplexé et ses effets visuels enchanteurs mais d'un autre côté, son fond et son intérêt final sont discutables.
Commençons avec ce qui marche bien déjà à savoir l'aspect visuel et la réalisation dynamique et efficace du roi du divertissement. Comme on pouvait s'y attendre, les images de synthèse et les effets spéciaux vont bon train mais ils ont le mérite d'être impeccables. On est tout de suite plongé dans une réalité virtuelle bluffante et on adhère rapidement à cet univers presque féérique. C'est sûr, les fans de jeux vidéos y prendront leur pied rien que sur l'esthétisme du film. Peu de reproches à faire sur la mise en scène, rien de bien surprenant mais tout est en maîtrise avec un petit coup de cœur pour "la course à la mort" qui est vraiment fun. Le plan-séquence sur fond de Van Halen en ouverture du film est aussi très appréciable.
Comme on pouvait s'y attendre, le film regorge de clins d'œil à la culture "geek" même si ce terme ne veut pas dire grand chose étant donné la variété des références que l'on peut s'amuser à identifier. Et c'est de là que provient ma réserve sur le film. Certes, la carte de la nostalgie est assumée tout du long mais on a du mal à ôter la sensation de fan service. Oui c'est sympa de retrouver la DeLorean de Retour vers le futur, le Géant de fer, les jeux Atari, le Galactica ou encore l'arme de Ripley dans Aliens mais cela a tendance à tourner à l'overdose. Et encore, il y aurait dû avoir des références à Blade Runner mais le film de Villeneuve était sorti trop récemment. Spielberg a voulu rendre hommage à ses copains et ses idoles et ce n'est pas la séquence reprise d'un cultissime thriller de Kubrick en réalité virtuelle qui me fera mentir. Ready Player One transpire de cet enthousiasme mais la conséquence de tout cela… c'est qu'on en oublie le scénario. Si on s'y attarde, l'histoire n'est pas très originale : un adolescent introverti et naïf qui devient le leader d'une lutte contre une organisation pas gentille. Le fait est que plus on avance, plus on tombe dans le prévisible avec des antagonistes qui perdent réellement de leur crédibilité. D'autre part, j'ai eu du mal à m'accrocher aux personnages principaux en dehors de James Halliday, complètement éclipsé par toutes les allusions proposées par le film. Pourtant, les interprètes font une performance honorable au vu de ce qu'on leur demande. Je mettrais un petit bémol sur Ben Mendelsohn, souvent convaincant dans ses rôles de sales types qui est ici beaucoup trop caricatural. Après il ne faut pas se leurrer, le manichéisme de l'univers est assumé sachant qu'on est plongé dans un jeu vidéo géant. Il en reste que l'histoire et son dénouement nous laisse un peu sur notre faim… c'est dommage.


Finalement, Ready Player One est un film sympathique et nous fait passer un bon moment mais pas sur les critères habituels. Vous l'aurez compris, le film joue avant tout sur notre côté fanboy que ce soit de science-fiction, de jeux vidéos, de films d'action testosteronés, le tout arrosé de musique des 80s. Et il faudrait être mauvaise langue pour dire que quelqu'un qui s'en contrefout de tout ça ou qui ne connaît tout simplement pas aura le même regard et le même ressenti. Pour autant, le film reste étonnement assez générique si l'on enlève tout le vocabulaire de gamer averti et je pense que tout le monde peut voir midi à sa porte. Le film est appréciable surtout par sa forme qui rend très bien sur grand écran (en 3D aussi j'imagine), on en prend plein la vue et c'est aussi ce qu'on veut dans ce genre d'expériences. Néanmoins, il est difficile de coller une réelle identité à ce film, tant il joue la partition de l'hommage et de la nostalgie. C'est ce qui à mon sens manque à Ready Player One pour être un film marquant.

Créée

le 25 avr. 2018

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