J'avais hésité à aller voir Ready player one, je craignais que ce soit une de ces oeuvres qui n'a rien à proposer si ce n'est le fanservice et les références ; ce ne serait pas la première fois que la communauté "geek" s'enthousiasme pour rien comme ça.
J'ai finalement apprécié le film, même si je suis très partagé sur plusieurs éléments.
Le scénario est plein de failles, de raccourcis et d'incohérences (l'extra life, le mot de passe laissé bien en vue, ...), et de thèmes sous-exploités (Morrow a volé la femme qu'aimait Halliday, et on n'en parle même pas ?).
C'est quand même fou qu'on valide des blockbusters à si gros budget pour des script qui ont un goût d'inachevé, mais c'est malheureusement loin d'être surprenant de nos jours...
Il y a aussi des moments assez gênants, durant la mise en place d'une romance qui est, comme souvent, bâclée.
Et ça manque quand même d'enjeux : chaque énigme est résolue sans trop de soucis par les personnages, et ce qui est dommage c'est que le spectateur n'a aucun moyen de comprendre par lui-même.
Ceci étant dit, la réalisation de Spielberg est superbe et en met plein la vue, les nombreuses séquences en images de synthèse sont d'une fluidité déconcertante ; ça donne envie de jouer à l'Oasis aussi (parce que, bon, pour avoir testé de la VR... ça ne me fait pas rêver). Le même film entre les mains d'un autre cinéaste aurait facilement donné des séquences d'action bordéliques.
Pleins de reproches que j'avais pu lire sont en fait fallacieux : l'utilisation erronée du terme "easter egg" (on s'en tape), les œuvres comme Le géant de fer qui sont dénaturées (c'est cohérent dans le film), ...
Le scénario justifie des délires qui, sur le papier, devaient faire penser à un mauvais fanfiction : "alors là, il se transforme en Gundam, et il tranche le torse de Mechagodzilla pour l'empêcher d'écraser la Delorean !"
Et je vais pas nier mon plaisir : aimant les 80's, la BO est excellente, c'est toujours réjouissant d'entendre du Blondie dans un film, et évidemment j'avais le sourire à chaque référence qui me rappelait avec nostalgie une œuvre que j'aime. D'autant plus que les références du film sont visiblement plus accessibles que celles du bouquin.
Ce qui m'a rassuré, c'est que Ready player one se moque gentiment des geeks fanatiques qui connaissent tout sur le bout des doigts, par exemple en laissant déblatérer une femme sur le jeu Adventure, sans se concentrer sur ce qu'elle dit.
Mais j'ai surtout été agréablement surpris par les messages, qui ont mis fin aux craintes que j'avais au début du film. Je pensais qu'on allait présenter l'évasion du monde réel (qui se porte visiblement mal) comme seule solution aux problèmes, alors que la conclusion met en avant l'équilibre entre les deux : s'inventer une vie dans le monde imaginaire, mais aussi assumer qui on est dans la réalité.
J'y ai aussi vu une ode au plaisir de jouer, qui prime sur l'envie de gagner, et qui unit des partis opposés.
Ready player one n'est sûrement pas un film mémorable, mais c'est un bon divertissement, qui à défaut d'être bien écrit, livre un propos positif... et je trouve que par rapport aux autres blockbusters décérébrés de nos jours, c'est pas si mal.
EDIT : Une critique très enrichissante dont je recommande chaudement la lecture :
http://www.cinemateaser.com/2018/03/72047-ready-player-one-au-bon-endroit-au-bon-moment-analyse-spoiler