Sans trainer, Steven Spielberg occupe encore les esprits et les écrans. Déjà attendu pour son « Pentagon Papers » qui aborde un sujet dont le revers mérite notre attention, il nous livre à présent son second style cinématographique où le divertissement est à l’ordre du jour. Ernest Cline aura donc son mot à dire, quant à son roman qui marie les cultures du virtuel des jeux vidéo, tout en parsemant des références tutoyant un cinéphile. Ce film est un hommage qui mesure ses propos et démontre que l’utilisation du numérique repose enfin sur de bonnes bases.


Comme dans la plupart de ses œuvres, le cinéaste oppose une vision adolescente à la maturité et la pureté. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans les personnages, à la fois une sauce teenage où il reste beaucoup à découvrir et à apprendre, et à la fois une sorte de pamphlet autobiographique. En effet, bien qu’il adaptation il y a, considérer les auteurs nous devons et Speilberg se présente ainsi dans des circonstances discutables. Et il apporte donc toujours un petit plus, non pas seulement pour signer son passage, mais par cinéphilie avant tout. Il se permet alors quelques libertés que les lecteurs, comme les spectateurs, doivent engagés avec recul et discernement. Il y a peu de références de la pop culture qui sont traitées gratuitement, contrairement à la majorité des blockbusters de ces dernières années. De ce fait, le film ne s’enferme pas dans une nostalgie chronique et insistante, il ne s’agit que d’un support que l’on retrouve dans le visuel, l’ambiance et le mixage. Le tout est une sorte de concert où chaque chose a une place. Parmi les différents avatars, certains ne sont pas personnalisées, alors que d’autres, selon leur richesse, s’adaptent au fur et à mesure de leur progression.


Ce qu’il faut néanmoins considérer, c’est cette démarche marketing de l’OASIS. Il n’y a rien de plus fâcheux que ce noyau d’évasion qui, finalement, renferme les utilisateurs dans leur propre conception du jeu. Et c’est cette frontière que l’on se permet de relier à une habitude, voire une addiction. Il fait reconnaitre le niveau utilitaire qui ne doit pas briser le voile de la réalité. Le principe ne diverge pas des précédentes réalisations du type « Nerve » ou « Pixels », où le problème est juste déplacé. Cela illustre le genre d’œuvre ne niche qui synthétise l’ère du virtuel et du numérique, là où tout est possible. Le film s’ancre parfaitement dans notre époque et marque un point de pivot qui soulignera l’évènement du numérique sous toutes ses formes et sous toutes ses maladresses d’utilisation.


Comme le réalisateur le laisse penser, les jeux vidéo sont faits pour être joués à plusieurs et c’est pourquoi il rassemble un amas de références qui le touche personnellement lui et ses amis cinéastes. Grâce à leur soutien, Spielberg reste le seul maître du jeu auquel il saisit bien l’essence. Cependant, il néglige énormément de choses, à savoir sa structure narrative et ses personnages secondaires. A force de se noyer dans les pixels, on en oublie nettement le traitement des personnages dans le monde réel, où tout est amené à se simplifier comme par magie. Le subterfuge peut passer le temps d’y placer un côté fantaisiste propre aux jeux, mais sur le dénouement, cela devient tellement cartoonesque qu’on peut en perdre nos repères. Il y a une évidemment une intimité avec « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » dans la promesse du réalisateur, mais il ne faut pas oublier ce qui n’a pas été développer derrière un thème qui éclipse toutes les quêtes secondaires, qui méritent mieux qu’un simple caméo…


Si le succès de « Ready Player One » fait forte impression auprès du jeune public geek et nostalgique, le constat reste le même, à une nuance près qu’ajoute le réalisateur afin de contourner certains pièges du cliché. Malgré tout, il sombre dans ses propres stéréotypes qu’on lui associe bien, comme ceux des enfants qui triomphe des adultes, trop rigide pour comprendre leur sensibilité. C’est à en oublier que le film n’est pas qu’un déversement de références à outrance. Bien entendu, cela attirera davantage le public vers sa nostalgie la plus profonde. Ce film a pour mission d’extirper le plus sincère de nos souvenirs d’enfance et nos coups de cœurs pour nous inviter à un ballet dont nous ne serions pas près de refuser, et encore moins de l’arrêter. On campe donc dernière un message d’espoir, où chacun fantasme sur son identité, alors qu’il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour s’apercevoir que le monde que nous voulions ce trouve juste à notre portée. A nous de ne pas oublier qui triomphera du virtuel ou de la réalité, car à défaut d’être le maître du jeu, nous sommes déjà en possession des clés vers la véritable liberté.

Cinememories
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le 31 mars 2018

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