Steven Spielberg n'est pas le plus grand cinéaste de tous les temps mais il n'est pas loin d'être celui le plus à même de réaliser les plus grands écarts comme le prouve la sortie en quelques mois de Pentagon Papers et de Ready Player One. Clairement, ce dernier film n'est pas fait pour tout le monde. Mais les films d'Antonioni ou de Naruse ne le sont pas non plus et il n'y a pas de honte. Qu'apprend-on dans RPO ? Que seule la réalité est réelle et donc irremplaçable. Ouf ! Ceci venant après de 2h20 d'un maelström quasi incessant d'effets spéciaux dans un monde où la réalité virtuelle est reine et censée faire oublier le triste quotidien. Ce film est épuisant, nourri à cette fameuse imagerie pop des années 80 que, même en étant plus jeune que Spielberg, on a le droit de trouver peu passionnante car quasi exclusivement américaine et obnubilée par le sacro-saint sens du divertissement. Ready Player One impose son esthétique d'une grande laideur dans un scénario aux enjeux fastidieux dans un grand huit qui oublie l'émotion au profit du spectaculaire. Les héros du film, adulescents, évidemment, ont autant de charisme qu'un crustacé et le méchant n'a pas plus d'envergure. On ne s'ennuie pas trop parce que le mouvement est perpétuel avec juste l'impression que le film irait parfaitement bien avec junk food et bières à portée de mains. Impression bizarre et désagréable : Ready Player One fait se sentir comme un vieux schnock qui serait incapable de s'amuser avec des références culturelles qui le dépassent et l'exaspèrent. Tant pis, il y a tant d'autres films à l'affiche qui font embrasser des réalités moins extatiques peut-être mais plus réelles, en quelque sorte.

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le 30 mars 2018

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