La boucle est finalement bouclée : la vague de nostalgie pour la pop culture analogique des années 80 débouche avec Ready Player One sur un divertissement 4 étoiles aussi purement jouissif que réflexif, ciselé par son plus fameux maître à penser.


Même s'il est constellé, jusque dans les plus petits coins de décors, de références à tout ce que le jeu vidéo, le cinéma et la musique comptent comme marqueurs symboliques (de King Kong aux dernières Tortues Ninja, d'Adventure à Overwatch, de Twisted Sister aux BO de Silvestri et John Williams), Ready Player One intègre cette masse de clins d'oeil de manière plus digeste que le roman, ne serait-ce que parce qu'il s'appuie logiquement plus sur l'image que les dialogues pour appuyer son propos. La mise en abyme perpétuelle propre à ce scénario narrant une quête de sens, de "connexion" au sein d'une société qui s'effraie progressivement de tout contact avec la réalité, atteint dans RPO son point culminant lors d'une estomaquante visite virtuelle "grandeur nature" d'un classique du 7e art, l'un des moments des plus fous auxquels j'ai assisté sur un écran de cinéma.


On l'a beaucoup lu, et c'est une évidence en découvrant le film, Spielberg dresse ici un émouvant autoportrait, réfléchissant à son statut de wonderboy adulé prêt à passer la main non à un héritier, mais à une génération de "wonderkids" prêts comme lui à faire parler leur imagination pour le bien commun. Il réserve aussi un sort jouissif aux corporations modernes qui mettent la main sur la culture geek en tentant de la transformer en matière à consommation de masse : c'est basique, mais articulé avec clarté, intelligence et malice, dans pratiquement toutes les scènes où apparait un Ben Mendelsohn cartoonesque.


Le film réussit aussi à la fois à prendre en compte avec intelligence, et non une vague condescendance, les principes et la philosophie du jeu vidéo, comme jamais sans doute le 7e art n'a réussi à le faire.


Oh, et tout cela est bien entendu emballé au sein d'un film visuellement époustouflant, souvent renversant d'audace (cette course à double niveau à travers New York, mon Dieu), à peine endommagé par un épilogue timoré et étonnamment conservateur en regard de la folie conceptuelle de ce qui précède.

Lakahand
8
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le 8 juin 2018

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Born To Watch

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