Qui mieux que le papa du blockbuster moderne, le chantre de la pop culture, l'homme ayant redessiné les contours du cinéma de divertissement qu'est Steven Spielberg pour approuver le manifesté du cinéaste australien ?
Adaptant ce qui est un condensé de la galaxie geek des 80's et 90's rédigé au début des années 2010 par Ernest Cline, le réalisateur de 71 ans accouche de l'oeuvre testament de toute une vie ; un film somme de toute la culture populaire existante ou ayant existé, cumulant dans un chaudron bouillonnant de multiples références au 7ème Art, aux jeux vidéo et autres divertissements.
Mais au bout d'une demie-heure, après une course-poursuite ahurissante, et une manière de rendre hommage à deux metteurs en scène ayant tenté il y a 10 ans de révolutionner également le blockbuster US avant d'être ostracisés d'Hollywood, Spielberg, en intimant à son héros de "faire un pas en arrière" pour contourner un obstacle gros et poilu, retourne les attentes d'un public biberonné aux Marvelleries qui le brosse dans le sens du poil et assène petit à petit un violent retour de boomerang à son auditoire.
Oui, le cinéma c'est cool, c'était peut-être mieux avant et les jeux vidéo permettent de s'échapper du réel anxiogène, mais ne pourrions-nous pas prendre du recul ? Faire le point sur tout cela, toutes ces oeuvres vues et revues, ces jeux joués et rejoués ? Reculer, voir ailleurs, regarder tout cet amas de connaissances geek d'un autre angle pour aller plus loin, et pourquoi pas résoudre un problème afin d'avancer dans son existence morose ?
Et c'est alors, au bout de deux heures d'un divertissement jubilatoire, autant spectaculaire et majestueux de maîtrise que réflexion politique sur ce qu'est la culture populaire aujourd'hui, Spielberg achève son spectateur par un constat d'une grande mélancolie : la culture geek a son revers de la médaille, et résulte parfois de la solitude, de l'incompréhension du monde moderne, d'un repli sur soi-même.
Le boss propose de ne pas oublier le virtuel mais de renouer avec le réel, de débrancher un peu de toute cette matrice (eh, moi aussi, je peux en placer des références, non mais !) ; le héros, après son voyage initiatique, s'exécute alors en instaurant de nouvelles règles d'accès dans l'OASIS.
Avant de se taper l'héroïne.