Quentin Dupieux poursuit sa visite des narrations nonsensiques qu’il double ici d’un montage libéré des règles de raccords et de multiples mises en abymes. Il y a bien sûr la réalisation d’un film dans le film, matière à critique sur le cinéma Hollywoodien. Au-delà, les emboîtements scénaristiques et linguistiques mêlent réalités et rêveries sur plusieurs niveaux. Les personnages censés appartenir à des dimensions différentes se croisent. Comme le personnage principal (interprété par Alain Chabat) « prisonnier dans un cauchemar » et sous l’effet de l’utilisation récurrente des premières notes entêtantes de Music with changing parts de Philip Glass, le spectateur perd ses repères spatiotemporels.
Dans Réalité, Quentin Dupieux déploie donc un récit labyrinthique qui semble se refermer sur lui-même. La diégèse créée n’est pas entièrement maîtrisée à l’image de l’interrogation de la place des médias dans nos vies que le cinéaste ne fait qu’effleurer.