Dupieux empale le bon sens, la logique, le linéaire. On lui doit des entrelacs étrangessoudés avec cohérence, où Eric Judor démontre son potentiel comique endécalage, entrevu dans Platane. Avec Réalité, on le troque pour un autremaître de l’absurde. Alain Chabat s’y acharne à régurgiter le râle le plusangoissant de l’histoire du cinéma. « Cri d’horreur numéro 43 »,précise-t-il à son dictaphone. La découverte servirait d’argument de vente imparable à son film sur des télévisions assassines. Ce nouveau délire, pas moins satirique que le Wrong cops de l’an passé, présente la galerie d’hurluberlus ad hoc. Chacun gravite autour de son obsession pimpante. Tel un automate hypnotisé, l’individu empêtré dans la Réalité de l’œuvre cherche à absoudre un malheur unique.
Dupieux superpose follement ces trajectoires rectilignes pour façonner une rêverie pimpante. Il dit ainsi beaucoup de la nature humaine à s’accoquiner avec un objectif monolithique, à abstraire le périphérique quand un tracas démange. La recette s’articule autour d’un désespoir désopilant qui moque littéralement les twists actanciels sauce Christopher Nolan. Quel pied ! Un jeu de répétitions (« ça se passe à notre époque », répétera Chabat cent fois pour pitcher son projet), couplé aux astuces du montage parallèle, renforce la perdition décérébrée du spectateur. Coulée dans ce moule rébarbatif, la bande-son agace vite malgré son inspiration clin-d’œil. On soupçonne Dupieux d’avoir souhaité cet effet, tant on l’imagine hausser les épaules en brouillonnant sa pochade. Ce réalisateur français, en pleine ascension, fonde ses productions sur un atout dont l’industrie américaine manque : le détachement.
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