The Cold War did not end, it merely shattered into a thousand pieces.

Un film meilleur que ce à quoi je m’attendais. On est vraiment plongé dans un film d’espionnage dont le seul réel défaut sera de jouer encore sur le climat de Guerre Froide en le transposant de nos jours, ce qui en fait perdre un peu la saveur. Parce qu’on perd un peu de la tension globale, dans le sens où on a un peu du mal à vraiment y croire. Ce qui est dommage, car s’ils avaient décidé de placer ça durant les années 80, on aurait sans doute eu un des meilleurs films du genre de ces dernières années. L’histoire est très intéressante, nous menant par la main mais prenant bien soin de nous dissimuler les éléments importants jusqu’au final. De temps en temps, on reviendra sur le fil rouge principal, par des petits rappels, faisant avancer l’histoire petit à petit, mais ça sera surtout lors de scènes en apparence sans lien où l’intrigue et les personnages évolueront vraiment.

Là où le film se montre surprenant, ça sera donc sur sa structure. Ne souffrant pratiquement d’aucune longueur, il dispose pourtant d’un rythme posé qui prendra le temps d’introduire chacun des personnages sans précipitation, afin de nous faire comprendre leurs motivations. On aurait pu croire que le film se déliterait dans ses intrigues secondaires, mais au contraire l’ensemble forme un tout cohérent et solide, ce qui est plutôt rare de nos jours. Loin d’être bourré d’action, le film ira plus jouer du côté du thriller à énigme. D’où cette ambiance de film d’espionnage d’autrefois qui fonctionne vraiment bien. Et chose assez rare, c’est que le personnage de Dominika réussira à cacher au spectateur certaines de ses idées. Et le final sera une nouvelle fois très bien dosé : les révélations fonctionnent mais, surtout, encore une fois il n’y a pas de précipitation, on fait coïncider les différentes pièces du puzzle de façon logique et pertinente.

Le casting sera globalement correct à bon. Le seul reproche qu’on peut faire, ça sera à propos de cet accent russe forcé, qui sera plus ridicule qu’autre chose (Jeremy Irons ne réussira d’ailleurs pas à supprimer son accent anglais). C’est dommage, parce que ça fait sortir et que c’est complètement inutile. Autant caster des acteurs russes si c’est pour faire ressortir les accents. Mais à part ça, le casting sera correct. Je pense notamment à Jeremy Irons et Charlotte Rampling, dans un jeu qu’ils affectionnent plutôt bien, ou Ciarán Hinds qui sera correct sans forcément se compliquer la tâche.

J’ai beaucoup aimé Joel Edgerton et Matthias Schoenaerts, qui sans être extraordinaires rendront leurs personnages crédibles dans leurs réactions. Et puis il y a Jennifer Lawrence qui encore une fois se montre éblouissante. Parce qu’elle réussit encore une fois à capter tout l’éventail de son personnage, et qu’on voit très bien l’évolution au cours du film. Alors certes, le côté femme fatale un peu frigide rend bizarre par moment, mais sur l’ensemble du film, ça fonctionne très bien.

Techniquement, pas grand-chose à reprocher au film, c’est très classique. Que ce soit la musique, la mise en scène, le montage, la photo, les décors… Alors certes, certaines scènes nous mettent mal à l’aise, mais c’est plus en rapport avec l’intrigue elle-même et le jeu des acteurs plus que de la réalisation en soit. On pourra aussi admettre que la mise en scène réussit par moment à nous tromper, et que les décors très emblématiques (dans le sens où certains délimitent une séquence bien précise et un ton bien précis) créent un peu de tension. Mais comme je le disais, placer cette histoire à notre époque est plus un inconvénient qu’un avantage.

Bref, un film en soit plutôt sympa au final, sur lequel je n’avais pas de grandes attentes et qui s’est avéré au final très intéressant dans sa structure.