Tour d'horizon d'un an d'escalade

Continuons à remonter les éditions de Reel Rock - événement majeur rassemblant chaque année le meilleur du film d'escalade - avec pour cette 11e édition, 5 courts métrages fascinants.
Ce cru 2016 démarre par de l'escalade sportive, intense et physique, et bascule progressivement vers l'exploration à travers le globe et des expéditions plus portées sur les découvertes de nouvelles voies et les conditions particulières des réalisations.



YOUNG GUNS



Ce premier court de 25 minutes s'attache à présenter la relève, deux jeunes grimpeurs parmi les plus prometteurs de la nouvelle génération : Ashima Shiraishi et Kai Leightner, qui à respectivement 15 et 16 ans, sont déjà champions aux Etats-Unis, face à leurs compatriotes plus âgés. Ce film, l'un des plus passionnants du programme, retrace leurs premiers pas en falaise (eux qui se sont construits en salle), à travers un voyage en Norvège. Les deux jeunes prodiges ont en tête d'achever un certain nombre de voies cotées 8c / 9a, dans la fameuse grotte (si je ne m'abuse) où Adam Ondra réalisa l'année suivante le premier 9c de l'histoire avec "Silence".
L'enjeu est de taille, notamment pour Ashima qui a ici l'occasion de réaliser le premier 9a+ féminin de l'histoire.
Autant que la beauté des mouvements de ces voies extrêmes, le film présente avec bienveillance les premiers échecs et frustrations de ces deux jeunes grimpeurs. Chose rare dans les films, qui s'attachent bien plus souvent aux réalisations réussies. Pourtant, l'échec est l'essence même de l'escalade car c'est une des choses qui poussent les grimpeurs à se dépasser.
Le film se termine sur la réalisation par Ashima d'un bloc 9C au Japon, une première dans l'histoire de l'escalade féminine.



BOYS IN THE BUGS



Un peu plus court (17 minutes), ce second film présente, non sans humour, Will Stanhope et Matt Segal, deux détraqués du ciboulot, dans leur combat - sur 4 saisons - contre une imposante voie en fissure, dans la région des Bugaboos, au Canada. Au fil de ces 4 années, les deux jeunes passent par tous les états d'esprits, l'ardeur en entamant le travail, puis la fatigue, le doute, la persévérance et finalement la joie de la réussite. Le tout, en gardant leur état d'esprit rigolard et je-m'en-foutiste et sous les regards amusés des autres grimpeurs présents sur le site.



BRETTE



Sans doute, avec Rad Dad, le court métrage le plus faible de ce programme. Nous suivons cette fois-ci Brette Harrington sur une année, à travers plusieurs de ses réalisations en solo ou avec son compagnon, du grand mur d'El Capitan (où les autres grimpeurs les prennent pour des fous inexpérimentés) à la Patagonie. Le film est sans doute un peu court (10 min) pour complètement cerner la personnalité de cette grimpeuse, mais c'est toujours une joie de voir de talentueuses jeunes femmes se lancer à l'assaut de grands murs et persévérer.



RAD DAD



A partir de ce court métrage (12 min), on délaisse les réalisations d'escalade "sportives" (en terme de cotation et de difficulté) pour véritablement partir à l'aventure et découvrir le monde. Nous suivons ici Mike Libecki, un habitué de longues expéditions en solitaire aux quatre coins de la planète, de la Patagonie à l'Afghanistan ou au Yemen, souvent malgré des situations politiques ou climatiques peu engageantes. La particularité de Mike : se filmer avec une tête d'animal (correspondant au calendrier chinois) en haut de chacune de ses réalisations !
A travers le côté brouillon du court (filmé pour une grande partie en gopro), on est pris par l'excitation insensée du bonhomme et son mépris des risques de l'escalade ou l'alpinisme (mais pas que) en solitaire.
Et voilà que déboule dans sa vie une petite fille : Rad Dad change rapidement de direction pour étudier ce que cet événement majeur va changer - ou non - dans les longs mois d'aventures de Mike. Une plus grande responsabilité ? Même pas !
Le film se termine sur le premier voyage du père avec sa fille, devenue jeune ado, pour faire du ski en Antarctique. Rien que ça ! Il y en a qui en ont, de la chance ;)



DODO'S DELIGHT



Pour finir, Dodo's Delight (25 min) est la petite pastille la plus réjouissante de ce programme. Nous suivons l'aventure de 5 hippies déjantés qui partent à l'aventure autour du cercle polaire, à bord d'un voilier - le Dodo's Delight - appartenant à un vrai loup de mer comme on n'en voit que dans les films, barbe blanche et bientôt 80 balais.
Dodo's Delight est de loin le plus fun des films de cette 11e édition, entre bronzette sur un iceberg et chansons de marins, entonnés chaque soir à tue-tête. Là encore, malgré le ton très enjoué du film, l'accident n'est jamais loin, entre iceberg qui se retourne d'un coup, panne de moteur en pleine tempête, et ascensions risquées en plein froid polaire.
Pourtant, on se laisse entraîner par cette bande de joyeux lurons et l'on voyage à travers de magnifiques paysages de fjords groenlandais. De quoi finir le programme gonflé à bloc et requinqué pour de futurs voyages et cessions de grimpe !


Pour d'autres films sur l'escalade et l'alpinisme, n'hésitez pas à visiter ma liste : Escalade et alpinisme : la montagne dans tous ses états.
Bonne grimpe à tous ;)

D-Styx
8
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le 10 févr. 2021

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D. Styx

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