Film vu dans le cadre de l’étrange festival 2020


Beaucoup de grands récits d’épouvante font de leur monstre une métaphore ou une allégorie de peurs bien réelles. Certaines sont diffuses, la peur de l’inconnu donna les récits lovecraftiens, mais d’autres sont plus précises : la peur des serials killers fut transposée à l’écran par le genre du slasher, les invasions extraterrestres eurent la cote pendant la guerre froide où la télé parlait des premiers satellites espions, Godzilla est un avatar de la peur de l’arme nucléaire, etc. On trouve même des articles universitaires sur le fait que Dracula transposerait dans la fiction la peur du féminisme et d’une colonisation inversée de l’Angleterre victorienne (une fois n’est pas coutume, je cite mes sources : https://repozitorij.ffos.hr/islandora/object/ffos%3A228/datastream/PDF/view).


Relic est, on le comprend rapidement, un récit d’horreur fantastique basé sur la peur de la vieillesse, de la démence sénile plus précisément. Ce thème central fort, capable de résonner avec chacun, est développé par un récit sobre mâtiné de body horror -et d’un gros repompage de Under the skin– plutôt à ranger du côté des slow-burn. Enfin sa réalisation qui fait le café (grand-mère) permet de dire que Relic est loin d’être un mauvais film… Mais ce n’est pas pour ça qu’il laisse un souvenir impérissable.


En effet, si le genre a récupéré quelques galons récemment (surtout avec les productions A24 : Hérédité, Midsommar, The Lighthouse, Sainte Maud pour ne citer qu’eux), Relic nous rappelle plutôt au souvenir des productions Blumhouse, des films d’horreurs pas trop crades ni dérangeants engoncés jusqu’au scalp dans une bien-pensance hollywoodienne un peu pénible.


Relic ne nous offre qu’un énième tour en maison hanté avec des monstres sous le lit et dans le placard où l’on ne sait si mamie est possédée ou sénile. Une excuse trop réutilisée pour enchainer les passages horrifiques sans queue ni tête avant un final bien troussé mais qui arrive on ne sait pas trop comment ni pourquoi. Le trio d’actrices (Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heathcote), des seconds couteaux pourtant efficaces, échouent à mettre un peu d’âme dans tout ça. On croit moyennement à leur relation grand-mère-mère-fille et c’est bien dommage car il est évident que la réalisatrice veut en faire le coeur battant du métrage.


Affrontant Jennifer Kent (Mister Babadook) pour le titre de “meilleure réalisatrice australienne d’horreur”, Natalie Erika James signe avec Relic un premier film brouillon qui ne va pas au bout de ses idées, le tout pour rappeler qu’il ne faut pas oublier d’aller voir mémé.

Cinématogrill
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le 9 sept. 2020

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