Relic est une première réalisation dérangeante mais un peu confuse. La jeune réalisatrice australienne Natalie Erika James fait mouche grâce à ses thématiques de la vieillesse, de la démence et du deuil qu'elle réussit à rendre flippantes via une allégorie originale. Nous rappelant le vicieux Hérédité de Ari Aster, Relic se joue entre le drame familial et le film d'horreur. Ici, une vieille dame disparait sans laisser de trace. C'est alors que sa fille et sa petite fille se rendent dans sa maison dans le but de la retrouver mais leur séjour promet d'être remué par une présence terrifiante... Assez long à se mettre en route, ce petit film a le mérite de planter une atmosphère pesante et mystérieuse, où les chemins routiniers du genre sont habilement évités. Ceux qui s'attendent à un enchainement banal de jump-scares sortiront déçus, car ici, l'horreur est ailleurs... Ce huis clos féminin et multigénérationnel, très justement interprété, traite d'un fait commun et intime (l'inversion des rôles parents-enfants à l'âge où le corps et la tête ne suivent plus) et en tire les ficelles pour dépeindre un cauchemar étonnant, poisseux voire touchant par moment. Parsemé de détails, de métaphores, de symboles, Relic regorge de non-dits et préserve sa part de flou, d'insaisissable, à l'image d'une mémoire défaillante. Il faut reconnaitre que ce cauchemar reste en tête et réveille notre peur existentielle de voir disparaitre l'un de nos parents, tout en sachant que le même sort nous attend dans le futur... Le monstre de ce film n'est nul autre que la mort elle-même, notre propre décrépitude, cette "maladie" à laquelle personne ne peut échapper. Bon, j'avoue, je me suis pas dis tout ça pendant ma séance, c'était même plutôt l'inverse... Lors de mon visionnement, j'ai pas compris grand chose et j'étais déçu de ne pas avoir plus de clés à mon actif pour déchiffrer cette étrange première oeuvre. En effet, on sent que le fond est extrêmement intéressant et intelligent mais la forme, bien qu'alléchante, est ambiguë et inhabituelle si bien qu'elle peut diviser par son traitement. Je trouve que le film nécessite un peu trop de jugeote pour être directement et pleinement savourer, car il concentre toute sa singularité dans des métaphores qui peuvent paraitre confuses à premier abord. Confusion qui malheureusement, a tendance à prendre le pas sur les frissons. Pas facile d'accès donc, et un peu dérythmé mais gardons un oeil sur cette jeune réalisatrice et son univers particulier...

alsacienparisien
6

Créée

le 20 oct. 2020

Critique lue 260 fois

3 j'aime

Critique lue 260 fois

3

D'autres avis sur Relic

Relic
Behind_the_Mask
8

Never grow old

On se dit parfois qu'il n'y a pas besoin de grands effets pour faire peur au cinéma. C'est que prouve Relic en jouant de l'angoisse liée au grand âge. De se rendre compte que l'être qui nous a tant...

le 13 oct. 2020

34 j'aime

5

Relic
Cinématogrill
5

Mort sur le sénile

Film vu dans le cadre de l’étrange festival 2020 Beaucoup de grands récits d’épouvante font de leur monstre une métaphore ou une allégorie de peurs bien réelles. Certaines sont diffuses, la peur de...

le 9 sept. 2020

18 j'aime

3

Relic
watchingthescream
8

Les échos d'une vie

(spoilers)La disparition d’une grand-mère amène une mère et sa fille à retourner dans la maison familiale afin de la retrouver. Si elle revient finalement après quelques jours d’errance, elle ne...

le 8 avr. 2023

17 j'aime

2

Du même critique

Un amour impossible
alsacienparisien
8

Récit romanesque d'une densité rare

Adaptation du roman phare de Christine Angot, "Un amour impossible" est un film fleuve qui retrace l'ensemble d'une vie. C'est étonnamment dense, percutant et fort. Les thématiques centrales vont au...

le 11 nov. 2018

19 j'aime

1

Épouse-moi mon pote
alsacienparisien
2

De la maladresse du propos nait un profond malaise...

Epouse-moi mon pote suscite de vives réactions sur son histoire centré sur le thème de l'homosexualité. Je n'ai pas personnellement trouvé le propos insultant mais je l'ai trouvé maladroit et...

le 7 nov. 2017

18 j'aime