Reminiscence est une histoire d'eaux... et en a le goût (au début).


Premier flic-floc : la Magic City du futur a des allures de Waterworld où seuls les riches ont les pieds au sec (construisant des digues et des barrages qui inondent plus encore la plèbe).


Second flic-floc : la ville abrite l'agence d'un privé qui enquête à partir des souvenirs de ses clients, souvenirs qui se matérialisent sous forme d'hologrammes une fois les personnes allongées dans un caisson de flotte et hypnotisées.


Comme dans Minority Report, c'est donc la trempette qui fait resurgir le passé, à ceci près que dans Reminiscence, tout le monde peut vivre cette expérience ; il suffit de donner des sous à Nick (Hugh Jackman) ou à son assistante (Thandiwe Newton) ; un Nick dont la routine va prendre fin le jour où Mae (Rebecca Ferguson) se dessape sans manière avant l'immersion qui lui permettra peut-être de retrouver... son trousseau de clefs.



You're going on a journey. A journey through memory. Your destination : a place and time you've been before. To reach it...all you have to do is follow my voice.



Reminiscence commence plutôt mal, avec la voix mécanique d'un Hugh Jackman essayant de battre Benjamin Biolay dans les graves et nous distillant un topo nunuche sur le passé.


Ça ne s'arrangera pas une fois l'intrigue lancée


vers la 26~27e minute, on découvre que les scènes montrant Nick et Mae sont en fait des souvenirs du monsieur, à la recherche de sa bien-aimée subitement disparue


: impossible de vibrer en cadence avec notre héros désespéré. Le spectateur n'est en effet, à ce stade du film, pas parvenu a éprouver la moindre émotion pour l'improbable couple.


Intervient alors quinze minutes plus tard une scène d'action bien ridicule chez un baron de la drogue chinois --- qui ponctue son discours anglais de mandarin (car il faut soigner la clientèle des salles de l'Empire).


Il reste une heure de film et on a bien envie d'aller piquer une tête dans la baignoire pour se remémorer, l’œil humide, les vrais films noirs --- The Asphalt Jungle (J. Houston, 1950) ; The Big Heat (F. Lang, 1953) ; The Killing (S. Kubrick, 1956), Out of the Past (J. Tourneur, 1947), The Strange Love of Martha Ivers (L. Milestone, 1946) ; 711 Ocean Drive (J. M. Newman, 1950)... --- ou tenter de se replonger dans une vraie atmosphère SF crépusculaire SF, celle de Blade Runner...


Or c'est à ce moment-là que le film décolle : les personnages gagnent en épaisseur, les dialogues sonnent juste, la quête de Nick prend de l’intérêt, une « baronne » barrée distille du piquant.


On finit donc en bout de course par pardonner un certain amateurisme --- c'est le premier film de la réalisatrice Lisa Joy --- avec ces clichés, ces surlignages, ce discours inabouti (sur la prétendu révolte sociale, notamment), ces scènes d'action lourdingues..


Car on sent une envie et un potentiel --- les moments d'intimité entre Nick et Mae sont somme toute réussis et la direction d'acteurs est plutôt bonne, avec une Rebecca Ferguson souvent touchante.


Du flic-floc au flop il n'y avait que quelques gouttes. C'est évité. Allez, un petit 6 d'encouragement.

Arnaud-Fioutieur
6

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le 25 août 2021

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