Dans le clan Nolan, c'est au tour de Lisa Joy, femme de Jonathan et cocréatrice avec son mari de la série géniale Westworld, de nous offrir une nouvelle proposition. Après avoir réalisé un épisode pour la série, elle s’essaye désormais au grand écran avec son premier long-métrage, Reminiscence, dans lequel on retrouve les thèmes inhérents aux films des frères Nolan. Bien entendu, pour son premier coup d’essai, la réalisatrice reste en terrain connu puisqu’elle reprend le domaine de la science-fiction le tout saupoudré d’ingrédients de film noir. Il faut savoir qu’elle s’est également occupé de l’écriture. Par ailleurs, on retrouve Hugh Jackman dans le premier rôle, lui, qui a quitté le costume de Wolverine depuis peu. Si le projet a de solides arguments, les craintes sont pourtant apparues avec des critiques assez tièdes Outre-Atlantique accompagnées de résultats catastrophiques au box-office témoignant d’un rejet du public. Faut-il vraiment s’inquiéter alors sur la qualité de ce film ? Celui-ci prend place dans un monde qui a connu une montée des eaux dans un futur peut-être pas si lointain et victime des conséquences d’une guerre entre les hommes. Dans cet univers assez pessimiste, on nous présente une machine dite la Cuve qui permet de revivre les moments passés enfouis dans notre esprit. D’abord destinée à des fins policières, un business prend naissance autour de ce concept dans lequel le personnage principal, ancien militaire, a décidé d’en tirer profit. Il enchaine ainsi les clients avec sa collègue, elle aussi vétéran de l’armée, jusqu’au jour où il va faire la rencontre d’une femme belle et énigmatique jouée par Rebecca Ferguson, chanteuse de cabaret. Cet homme va vite tombé sous son charme, ce qui commence comme une romance va vite tourner vers le polar. En effet, cette femme va disparaître du jour au lendemain. Obnubilé par elle, il va donc se lancer à sa recherche l’entrainant dans un engrenage qui le dépasse à coups de révélations et de faux-semblants. Dans cette enquête, il découvrira le sombre passé de cette femme. La réalisation de Lisa Joy est élégante, c’est indéniable, mais elle n’étonne guère par son classicisme. Sa retranscription d’un Miami frappé par les inégalités et noyé sous les eaux impose le respect cependant elle ne creuse pas assez l’univers qu’elle met en place, c’est finalement très vite abordé par le personnage central et même si ce décor aura des conséquences sur l’intrigue, ce n’est finalement pas suffisant. Le casting en impose, on a évoqué Hugh Jackman, Rebecca Ferguson mais on peut souligner également la présence de l’excellente Thandiye Newton, déjà présente dans Westworld. Lisa Joy a emmené avec elle certains des acteurs de la série, on reconnait quelques têtes connues. Cependant, malgré tout le talent de ces derniers, la direction d’acteurs laisse à désirer, ils semblent livrés à eux-mêmes. Ils ne sont pas aidés par des dialogues grandiloquents qui viennent alourdir certaines séquences et donnent un côte presque ridicule. On peut être surpris par cette faiblesse quand on connait la profondeur d’écriture d’un Westworld dont la réalisatrice s’occupe. A force de vouloir se prendre trop au sérieux, le film en oublie de nous raconter une histoire passionnante. Elle est finalement banale sous son écrin fantastique. Cela ressemble davantage à un enchainement de séquences qui peinent vraiment à nous surprendre voire même nous convaincre. On ne peut pas fermer les yeux non plus sur ce scénario qui se perd parfois dans des inutilités avec un usage forcé de facilités qui étonne encore une fois de la part de son auteure. Le film n’est pas mauvais mais c’est clairement une déception. On en attendait davantage mais tout semble survolé pour assurer l’essentiel. Cependant, à travers cette volonté de poser son enquête dans une ambiance SF, le film ne propose rien de bien neuf. On passe un bon moment mais le film devient vite oubliable.