janv 2011:

Boh, une déception blu-ray! Je m'attendais à en prendre plein les mirettes. Les couleurs des ovnis allaient éclabousser l'écran. Hé bien, pas vraiment, non. Certaines lumières vives sont même très granuleuses. Les allées et venues des vaisseaux multicolores sont toujours très belles mais la précision du blu-ray en fin de compte montre beaucoup plus de détails des maquettes et donc enlève paradoxalement un peu de cette part de mystères qui alimentait mes premiers visionnages. J'attends "Black Narcissus" de Criterion avec une soudaine angoisse...

M'enfin, faut pas exagérer non plus. Regarder ce film en blu-ray n'est pas une torture. Loin de là.

D'abord j'ai été une nouvelle fois épaté par la profusion d'idées de mise en scène de Steven Spielberg, ce formidable sens de l'écriture filmique qui préside à l'élaboration de son récit, imparable, jouant surtout sur les émotions et dessinant un univers très enfantin, proche du merveilleux. Spielberg sait très bien fabriquer ce basculement du quotidien, de l'ordinaire dans le fantastique. Chez beaucoup de cinéastes de sa génération, cela débouche essentiellement sur l'horreur. Spielberg utilise la peur mais elle n'est pas un aboutissement ; elle demeure un véhicule. Sa quête est le rêve. La morale de son histoire est l'envie de vivre, d'être le héros à l'écran. Lacombe (François Truffaut) dit à Neary (Dreyfuss) : "je vous envie". Tout est dit. Ne pouvant vivre réellement dans ce monde qui n'est qu'imaginaire, Spielberg va s'échiner à le créer, de la manière la plus réaliste, sans se priver de l'extraordinaire, à filmer ces histoires et les vivre ainsi par procuration, celle de la caméra et de ses acteurs. Une démarche d'autant plus belle qu'elle s'accompagne d'une notion de partage. On a vraiment l'impression (comme avec les films d'Alfred Hitchcock) que l'auteur est focalisé sur l'effet de sa mise en scène et en image sur le spectateur. Beauté et efficacité sont les maitres mots du cinéma de Spielberg. Alors forcément, regarder un de ses films procure toujours du plaisir. Ne serait-ce que pour son admirable construction du récit.

Mais en plus, ici on a le privilège de suivre pas à pas un acteur formidable : Richard Dreyfuss. D'habitude cabotin en diable, il est ici considérablement sage. Je l'aime beaucoup. Je me demande pourquoi j'ai le sentiment de ne pas le voir assez. A-t-il vraiment une filmographie restreinte ou bien a-t-il joué dans trop de petits films que j'ai oublié? Ou alors, suis-je bien dans mon état normal en ce moment? Sa bouille sympathique, son dynamisme et son jeu très juste me plaisent énormément en tout cas.

J'ai toujours eu une sorte de retenue vis à vis de l'acteur François Truffaut. Ici son jeu lymphatique correspond parfaitement au personnage obsédé par sa mission et quelque peu lunaire. J'aime beaucoup également Teri Garr que l'on voit trop peu malheureusement. Tiens elle me donne envie de revoir "Tootsie".

Sur ces "rencontres du 3 type", j'ai vu le director's cut. Je ne sais pas ce qui a été enlevé dans la version originale. Mais je ne me souvenais pas de la première apparition d'extra-terrestre, celui aux membres arachnéens. La belle photographie de Vilmos Zsigmond est sans pitié pour la pauvre marionnette. Les effets spéciaux sont encore balbutiants. "ET" aura démontré les grands progrès des équipes maquilleurs et maquettistes sur ce point.
Alligator
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le 16 avr. 2013

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