Pour débuter ce petit voyage dans ma mémoire, dans mes souvenirs de cinéphile, tel Marcel Proust se remémorant le temps perdu, remontons vers la fin des années 1980. A cette époque, j’ai déjà vu quelques films, principalement de l’animation, enfin du «dessin animé», pour parler langage populaire. Je me rappelle très vaguement (c’est bien loin, tout cela) de 2-3 Disney vus au cinéma ou en VHS, peut-être Taram et le Chaudron Magique et, ce qui est sûr, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (de Robert Zemeckis, déjà!), film vu en octobre-novembre 1988 dans une salle de plusieurs centaines de fauteuils quasi-comble car le film était un défi technique novateur : le mélange animation-prise de vue réelles, chose complètement insensée à l’époque (même si pas nouvelle, en fait) ! Non, je ne vous parlerai pas de l’effet que m’a produit Jessica Rabbit, la puberté à 6 ans, c’est un peu tôt !


Le cinéma étant un peu loin (pour un gamin de 6 ans) de la maison familiale et étant trop jeune pour me laisser y aller tout seul, je voyais beaucoup de dessins animés à la maison, pour passer le temps entre deux journées à l’école et deux devoirs d’arithmétique (je déteste les maths, je préfère ce terme) et deux dictées ou leçons d’histoire-géo. Le plaisir immense de voir les aventures de Bob Hoskins en détective privé à Hollywood au côté du lapin frappadingue tout animé (au sens propre comme au sens figuré) me confortait dans mon envie de m’intéresser à ce qui passe du côté du vrai « film », comme on dit étant petit. Et cela tombe plutôt bien, car la télé française (même si on n’avait pas beaucoup de chaînes à disposition…) mettait à disposition une très bonne offre en matière de 7ème Art, offre aujourd’hui réduite à néant par les émissions de télé-réalité et autres programmes de divertissement rabaissant l’intelligence du spectateur et empêchant une réelle alternative à tout ce chahut qui m’agace et me chagrine…


Un jour, un film m’intrigue tout particulièrement, par son résumé à base de gens américains ordinaires confronté à un événement extraordinaire : une apparition d’un OVNI… Le film m’effraie un peu par sa durée : plus de deux heures !! Ayant l’habitude de voir des cartoons de 5-10 minutes, ou des dessins animés de 70-80 minutes, ce minutage m’inspirait une certaine crainte tout en augmentant ma curiosité face à cet objet culturel. Je regarde la fiche technique sur le magazine faisant office de programme télévisé : toutes les semaines, on recevait un livre d’environ une centaine de pages et la seule page qui m’intéressait était celle consacrée aux diffusions de films, cette dernière indiquait qu’il s’agit d’un film de référence dans le domaine de la science-fiction, réalisé par un certain Steven Spielberg (n’ayant pas encore appris l’anglais, je devais le prononcer très mal !). Tout cela pour dire que je ne me préparais pas du tout à ce que j’allais voir…


130 minutes plus tard… Les yeux encore tout écarquillés, tout humides, la voix tremblotante, je me rends compte que je viens de vivre une véritable expérience sensorielle. Deux heures d’émerveillement, de mystère, de beauté, de suspense… Je viens de découvrir ce qui reste encore aujourd’hui une des œuvres cinématographiques les plus parfaites, les plus inégalées dans le genre.


J’envie encore les jeunes lecteurs qui n’ont pas encore découvert ce joyau intemporel. Imaginez une ouverture étrange et inquiétante à la fois, avec cette musique qui augmente petit à petit de volume, puis PAN ! Premier plan, dans le désert : une scène où l’on découvre des avions en parfait état, dont les pilotes sont portés disparus depuis… 1945. Puis cet enfant, dans l’Indiana, attiré par quelque chose d’imperceptible et attirant à la fois ; puis enfin, l’inoubliable personnage de Roy Neary, ouvrier ordinaire dont la vie se retrouve considérablement transformée à la suite d’une rencontre aussi brève qu’inattendue. Tous ces personnages, toutes ces histoires vont se croiser, avec en fil rouge l’enquête du professeur Lacombe (interprété par François Truffaut, manière pour Spielberg de rendre hommage à la carrière du réalisateur français), tentant d’expliquer tous ces phénomènes étranges de façon rationnelle.


Précipitez-vous d’urgence, si ce n’est déjà fait, sur ce chef-d’oeuvre, l’un des plus grands films de l’oeuvre de Steven Spielberg, ici au sommet de son art, comme en état de grâce : vous y trouverez une magnifique photographie de Vilmos Zsigmond, un rythme impeccable, un scénario incroyablement bien construit, sans le moindre bout de gras, et tout un paquet de séquences cultes, dont une scène incroyable et terrifiante de suspense en milieu de métrage le magnifique climax réunissant tous les protagonistes de cette incroyable aventure.


Quant à moi, à la vision de ce film, tel Roy Neary apercevant à l’intérieur de son camion cette incroyable lumière blanche, je sais que ma vie ne sera jamais plus la même ; le 7ème Art va considérablement modifier mon existence, et si je suis là à vous écrire ses quelques lignes, ainsi que nombre futures chroniques, c’est en partie grâce à cette lumière.


Texte à retrouver sur Critique-Film
http://www.critique-film.fr/back-to-the-past-1/

HuriotDavid
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top films (work in progress), Mad Movies : la liste ultime ! et DVD offerts à mon fils

Créée

le 16 juil. 2016

Critique lue 238 fois

6 j'aime

1 commentaire

David Huriot

Écrit par

Critique lue 238 fois

6
1

D'autres avis sur Rencontres du troisième type

Rencontres du troisième type
Samu-L
10

Beau comme un ciel étoilé.

Je suis franchement ennuyé, parce que j'ai envie d'écrire un critique sur ce film; une critique qui donne envie de le voir et qui explique pourquoi rencontre du troisième type est un grand film et...

le 22 avr. 2012

98 j'aime

19

Rencontres du troisième type
Gand-Alf
10

Watch the Sky.

Pendant que George Lucas s'apprête à marquer à jamais un certain nombre de spectateurs avec son inattendu Star Wars, son ami Steven Spielberg profite du carton surprise de Jaws pour s'attaquer à un...

le 28 juil. 2015

83 j'aime

11

Rencontres du troisième type
Grard-Rocher
10

Critique de Rencontres du troisième type par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Que se passe t'il donc sur terre ? Des événements aussi bizarres qu'incompréhensibles se multiplient aux quatre coins de notre bonne vieille terre. Pourquoi des avions portés disparus depuis la...

68 j'aime

39

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
HuriotDavid
9

Back to the Past #8

Enfin, enfin ! EN-FIN !! Je l’ai trouvé, je l’ai acheté, elle est entre mes mains, ça y est !!! Après moult recherches dans les bacs à soldes et autres Cash Converters, je suis enfin en possession du...

le 19 août 2016

13 j'aime

Dealer
HuriotDavid
5

Critique de Dealer par David Huriot

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. En effet, alors que l’on ne cesse de louer la diversité du cinéma français, il arrive encore aujourd’hui que des projets sortant des rails...

le 8 oct. 2015

12 j'aime

Taxi Driver
HuriotDavid
9

Back to the Past #28

Les lumières de la ville se reflètent sur mon taxi en cette nuit pluvieuse. Autour de moi et mon véhicule, gravite toute cette population grouillant dans la mégapole ; parmi toute cette faune,...

le 11 mai 2017

10 j'aime