Ernest vit à Paris. Il est un architecte de renom et ne vit que pour sa petite entreprise qui ne connait pas la crise. Côté vie privée, par contre, cela semble moins idyllique. Il est vrai qu'on ne peut tout avoir. Il faut faire des choix et ensuite les assumer. Et c'est que fait Ernest. Quand la solitude lui pèse trop, il débarque chez Victoire qui lui fait une petite place dans son lit. Bien sympa Victoire.

Cette petite vie rangée vole en éclat lorsqu'il reçoit un coup de fil de la police suédoise : on l'invite à se rendre à Kiruna, petite ville de Laponie à l'extrême nord du pays pour reconnaître le corps de son fils, mort noyé dans un accident de voile. Seulement, ce gosse, Ernest ne l'a jamais connu. Lorsque que Maria, son amie, est tombée enceinte, Ernest lui a clairement dit qu'il ne voulait pas de cet enfant. Madame est donc partie sans plus donner de nouvelle.

Venir reconnaître un enfant qu'il n'a jamais vu lui parait parfaitement absurde. Pourtant, la mère étant en déplacement en Afrique et injoignable, la présence du père s'avère indispensable : c'est la loi. S'il refuse dans un premier temps, Ernest capitule pourtant et prend la route, à bord de sa BMW, pour un long bout de chemin (monsieur a peur de l'avion). Fraîchement débarqué du ferry qu'il l'a amené d'Allemagne en Suède, Ernest prend un auto stoppeur - Magnus, un jeune d'une vingtaine d'années - qui, comme lui, se rend dans le nord...

Road movie scandinave à travers les grandes forêts boréales, le long des innombrables lacs, puis au coeur de la toundra arctique. Ernest évolue tout au long de son cheminement vers son fils inconnu. Sa vie parisienne s'éloigne peu à peu. Ses préoccupations professionnelles - égoïstes - pâlissent pour laisser la place à d'autres soucis qu'il avait écarté 26 ans plus tôt. Vers quoi roule-t-il ? Que va-t-il trouver en Laponie ? Comment réagira-t-il devant le corps glacé de cet enfant devenu adulte, qu'il ne connait pas mais qui est tout de même sien ? Sa belle assurance et son irritation fondent au fil des kilomètres. La présence de Magnus à la place du mort (sans jeu de mots) l'aide dans le franchissement de ces étapes en faisant naître en lui une fibre paternelle qu'il ignorait - ou avait choisi d'ignorer.

Un film agréable servit par des comédiens imprégnés de leur personnage. Darroussin est parfait comme à son habitude. Les paysages suédois donnent envie d'entreprendre ce même voyage. Un petit côté exotique bien venu. Un film qui aère l'esprit, propre à recentrer une existence sur les vraies valeurs.
BibliOrnitho
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le 17 nov. 2014

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